Il est minuit
moins cinq, docteur Sharon
par Israël Shamir, 13.10.2003
Au nord de la prospère
Herzliya, capitale de la high-tech israélienne aux célèbres
bars sushi de Cocagne, se trouve une plage agréable, au
pied dune falaise digne de locéan Pacifique.
Il sagit dune petite crique non surveillée,
sans maître nageur, et fréquentée par quelques
étrangers amoureux de la nature et des familles palestiniennes
venues en pèlerinage au sanctuaire de Sidna [Notre Seigneur]
Ali, situé non loin de là. Si vous poussez la promenade
encore un peu plus vers le nord, au-delà des panneaux vous
interdisant de continuer en raison de risques réels
de chute de pierres, vous vous retrouverez dans une sorte
dalcôve coupée du monde, tout à fait
exceptionnelle sur notre côte palestinienne tracée
au cordeau. Cest lendroit rêvé pour barboter
dans les eaux transparentes de la Méditerranée.
De gros cailloux polis, couleur de terre, semblent en être
les gardiens ; à les regarder plus attentivement, vous
comprendrez quil ne sagit pas dune formation
géologique naturelle. Ce sont les pierres de bastions,
détruits au treizième siècle, de la forteresse
dArsour, construite par les Croisés, dont les ruines
sélèvent sur le plateau, juste au surplomb
de la petite baie. Depuis le haut de la falaise, ces grosses pierres
ont été jetées dans la mer démeraude
par Baïbars, un grand chef militaire arabe, vainqueur des
Mongols et des Croisés.
LAnse dArsour
Cent cinquante ans, environ,
auparavant, les Croisés avaient conquis sans problème
la Terre Sainte, où ils avaient pris leurs aises. Ils avaient
construit leurs châteaux et leurs fermes, épousé
des chrétiennes orthodoxes et arméniennes du crû,
et ils auraient pu couler des jours heureux jusquà
la fin des temps. Mais ils avaient la manie dinviter des
aventuriers étrangers et de leur servir de tête de
pont, faisant ainsi la démonstration de leur incapacité
à devenir de bons voisins. On leur a pourtant tendu la
perche à de nombreuses occasions, mais ils singénièrent
à gâcher leurs chances de se faire admettre dans
le coin, et leur seconde nature de cinquième colonne en
puissance du premier agresseur étranger venu leur colla
à la peau.
Cest alors que
le Levant « faible et efféminé »,
comme chacun sait produisit Baïbars. Il ne suffit
pas de bouter les Croisés dehors, décréta
ce Baïbars, cela a dailleurs été tenté
par Saladin, et cela na pas empêché les Francs
de revenir. La seule manière de sen débarrasser,
cest de détruire la côte palestinienne afin
quils ne puissent plus sy agripper. Forteresse après
forteresse, implantation après implantation, ville après
ville, Baïbars réduisit en ruines la façade
maritime de la Terre Sainte : Césarée, Ascalon,
Jaffa, Arsour
Ce nest que la mort dans lâme
quil procédait à cette politique de la terre
brûlée. Mais lalternative aurait été
une guerre éternelle dans la région.
Les bastions
renversés
On dirait que lHistoire
est sur le point de se répéter. Sauf retournement
inattendu dans lenchaînement des événements,
la douce terre de Palestine semble vouée à la perdition.
Les sous-marins nucléaires (construits en Allemagne et
équipés aux Etats-Unis) de lEtat juif étant
mis en état dalerte pour aller semer la dévastation
en Iran, en Syrie, en Arabie saoudite, il est plus quévident
quIsraël ne saurait en aucune façon devenir
un voisin sortable, au Moyen-Orient.
Les juifs ont eu une
occasion inespérée de planter leurs racines dans
la terre de Palestine et de faire la paix avec les habitants originels
de cette région. Mais cette chance, ils se sont ingéniés
à la gâcher.
La frappe aérienne
récente (non provoquée) dIsraël sur la
profondeur syrienne est venue rappeler à qui aurait eu
tendance à loublier que lEtat juif est une
entité dangereuse pour lensemble de la région,
de par son agressivité. Trente années de calme,
entre la Syrie et Israël, viennent dêtre passées
par pertes et profits par les généraux du général
Sharon, comme si elles comptaient pour du beurre. Personne na
été dupe de leur tentative pataude détablir
un lien entre la Syrie et lacte sanglant de vengeance accompli
par une jeune femme dHébron dont le frère
et le fiancé avaient été trucidés
sous ses yeux par la soldatesque israélienne, laquelle
avait refusé par-dessus le marché tout secours médical
à son père. Le clairvoyant Premier ministre de Malaisie,
le Dr Mahathir Mohammad, a interprété cet événement
judicieusement : « Depuis un certain temps, Israël
ne cesse de bassiner lAmérique afin quelle
envahisse la Syrie, mais les Américains semblaient traîner
les pieds. Cest pourquoi Israël a procédé
à ces frappes aériennes contre la Syrie, afin de
leur forcer la main. » [i]
Le problème posé
par Israël nest plus seulement (« seulement »,
si on ose écrire) celui de la souffrance des Palestiniens
; cest celui de toute la région du monde qui sétend
entre lInde et lEthiopie [Esther, I], voire au-delà.
En effet, la cinquième colonne des partisans dIsraël
fomente des guerres dans le monde entier, de la Tchétchénie
aux Philippines, de la Corée du Nord à Cuba. Ils
poussent le monde tout droit vers lArmageddon. John Bolton
exhorte à la prise de contrôle de lIran, Murawiec
exige que lon écrabouille lArabie Saoudite.
Le quotidien sioniste enragé New York Post ajuste la hausse
de ses canons et prend dans son collimateur la France, «
lun des ennemis les plus répugnants de lAmérique
». Cette France dont il rappelle quelle est dirigée
par Chirac, « ce pygmée moral dont labsence
de scrupules est, fort heureusement, contrebalancée par
sa couardise et son impuissance. » « Il faut que la
France souffre, stratégiquement et financièrement.
Les Frenchies nous ont asséné un coup de poignard
dans le dos : à notre tour de les écorcher vivants
», poursuit sobrement ce journal. Si lon en juge aux
états de sévices des sionistes, ce nest pas
là simple rhétorique.
LEtat juif est
une pochette surprise extrêmement dangereuse. Le fondement
(archi-simple) de sa doctrine militaire est le suivant : «
Comporte-toi de manière démente, les gens auront
peur de toi ». La fausse menace nucléaire irakienne
a été inspirée par la menace nucléaire
israélienne, ô combien réelle, celle-là.
Les scientifiques israéliens préparent tout aussi
bien la guerre chimique et biologique. Ils ont réellement
testé des gaz incapacitants contre des manifestants, à
Gaza, et lempoisonnement de leau potable, durant le
siège de Saint-Jean dAcre, comme la rapporté
Abu-Sitta dans (le quotidien égyptien) Al-Ahram.
Israël est impliqué
de longue date dans une interminable série denlèvements
et dassassinats perpétrés en territoire étranger.
Personne nest à labri du télescopique
bras meurtrier dIsraël : les Israéliens ont
assassiné en Norvège (le célèbre coup
tordu de Lillehammer), ils ont kidnappé à Rome (laffaire
Vanunu), ils ont fait sauter la bibliothèque britannique
et le consulat des Etats-Unis au Caire (affaire Lavon), ils ont
envoyé par le fond le navire de guerre américain
USS Liberty, ils ont tenté dassassiner Joseph Mugabe,
ils sont vraisemblablement trucidé le Secrétaire
dEtat américain antisioniste James Forrestal, ils
ont été impliqués dans lassassinat
du Président Kennedy, comme le démontre Micheal
Collins Piper dans Final Judgment, parce que ce président
américain insistait pour quIsraël procédât
à son désarmement nucléaire. Quant au récent
assassinat dAnna Lindh, ministre suédoise des Affaires
étrangères, qui appelait au boycott dIsraël,
laissons planer encore quelque temps le mystère...
Ils ne sont pas particulièrement
cachottiers : aujourdhui, nous connaissons les noms des
Israéliens qui ont assassiné le Comte Bernadotte,
en 1948 ; de ceux qui ont perpétré des massacres
massifs de prisonniers de guerre allemands en 1946 et de ceux
qui ont massacré des prisonniers de guerre égyptiens
en 1956. Ce nest dailleurs pas sorcier : ils sen
vantent. Demain nous apprendrons les noms dauteurs dautres
atrocités encore. Mais les connaître ne nous servira
absolument à rien, car Israël est une planche de salut
pour les criminels. A chaque fois quils se sont fait pincer
en flagrant délit, Israël a écarté dun
revers de la main lindignation de lopinion publique
mondiale, car, comme la asséné notre premier
Premier ministre, Ben Gourion : « Ce que les goyim disent
na absolument aucune espèce dimportance. Une
seule chose a de limportance : ce que les juifs font. »
Ce palmarès désolant,
que lattaque aérienne contre la Syrie et la préparation
dune frappe nucléaire en Iran sont venues rafraîchir
dans notre mémoire, est là pour nous démontrer
quil ny a aucun espoir de faire dIsraël
un membre de la communauté des nations présentable.
Il répond aussi à la question de savoir si les efforts
de paix et les tentatives de ramener Israël à lintérieur
de ses frontières riment encore à quelque chose.
Ce nest pas le cas. Que ce soit à lintérieur
des frontières de 1967, de 1948 ou de 1973, Israël
a toujours été une tête de pont pour lagression,
une menace pour la paix mondiale et une menace physique pour les
dirigeants politiques valables de par le vaste monde. Comme la
secte assoiffée de sang des Assassins, qui fut jadis la
plaie de cette région, les partisans dIsraël
dénigrent, quand ils ne les assassinent pas, les dirigeants
les plus capables et honnêtes, tout en soutenant les ramollos
tout prêts à exécuter leurs ordres. En se
retirant de Cisjordanie, Israël ne changerait pas pour autant
de nature. Comme nous lenseigne le prophète Jérémie
[13:23], le léopard ne parviendra jamais à se débarrasser
de ses taches.
Ce comportement découle
pour partie du complexe juif de supériorité et de
sa conséquence, la structure ségrégationniste
dIsraël. Avant Mandela, lAfrique du Sud était,
elle aussi, impliquée dans la destruction des pays voisins,
le Mozambique et la Namibie, ainsi que dans de nombreux complots,
ailleurs en Afrique. Ce complexe de supériorité
doit être traité au moyen du démantèlement
de lEtat dapartheid. Les événements
de lannée dernière en ont apporté la
démonstration sans aucun doute raisonnable possible. Le
démantèlement par les moyens pacifiques de la démocratisation
est la seule alternative viable pour Israël, dont la ruine,
sans cela, est certaine. Tout en portant leur politique de bravade
au niveau de la « folie calculée », les dirigeants
israéliens nont pas anticipé le fait quelle
donnerait naissance à une génération de jeunes
gens qui attachent peu de prix à la vie terrestre.
Jusquà il
y a peu, la peur des représailles impitoyables dIsraël
tenait ses adversaires en respect. En 1991, le président
irakien Saddam Hussein disposait de puissantes armes de destruction
massive, mais il ne les utilisa pas contre Israël, car il
ne sest jamais senti acculé. De plus, il accordait
foi à la menace brandie par Israël de vitrifier lIrak
au cas où il aurait recours aux armes de destruction massive.
Il pensait quil pourrait survivre à la défaite.
Il ne comprenait pas que lidée quIsraël
se fait de la guerre lui vient dune tradition religieuse
qui ne connaît absolument aucune pitié. Si Saddam
avait su que les corps suppliciés de ses fils reposeraient
un jour dans une morgue de Bagdad, quil deviendrait un réfugié
errant et que son pays serait ruiné par dix années
de sanctions internationales dune cruauté sans précédent
historique pour finir par devenir la proie de lenvahisseur
sioniste, il aurait très bien pu être tenté
par la solution à la Samson et entraîner Israël
avec lui dans les abîmes de lEnfer, en 1991.
Saddam Hussein est parti,
nen parlons plus. Mais aujourdhui, tout dirigeant
conscient, dans le monde entier, sait à quoi il doit sattendre
dans le cas où Israël exigerait de son Golem américain
quil lui apporte sa tête sur un plateau. Mais, paradoxalement,
la cruauté même dIsraël a fait tant et
si bien que la menace que ce pays représente sonne creux.
En effet, dès lors quIsraël perpètre
en tout état de cause le pire du pire dont il est capable
(ce qui nest pas peu dire), céder à ses chantages
serait pure folie.
Les juifs dIsraël
ont réitéré la bévue commise par Napoléon
à Jaffa. En 1799, le jeune général corse
traversa, en effet, le désert du Sinaï, après
quoi il mit le cap vers le nord, en direction de la Palestine.
Rafah et Ramléh se rendirent à ses troupes, car
les soldats palestiniens estimèrent quil ny
avait aucune raison de se battre contre la force européenne
effectuant sa trouée. Napoléon marcha sur le port
de Jaffa, où la garnison de cette ville, forte de six mille
homme, préféra se rendre. Ces soldats pensaient
quon les désarmerait, et quils seraient renvoyés
dans leurs foyers, dans leurs villages. Mais Napoléon ne
voyait pas dun il favorable quon laissât
un tel nombre de soldats ennemis derrière ses lignes, et
il donna lordre de les tuer, jusquau dernier : il
fallut trois jours aux Français pour mener cette tache
à « bien ». On amena les condamnés par
paquets, du couvent arménien de Saint-Nicolas jusquà
la plage, où on les passait au fil de la baïonnette.
Après ce massacre,
toute la Palestine prit les armes. Les troupes de Napoléon
tombaient sur une embuscade à lorée de la
moindre orangeraie, et lorsquil parvint au-devant des murailles
de Saint-Jean dAcre, il ne fut plus question de reddition.
Les gens du coin avaient bien compris que cela navait plus
aucun sens. Ils se dirent que mourir pour mourir, autant mourir
en combattant. Après quelques mois defforts vains,
Napoléon tourna les talons, laissant lennemi qui
le pourchassait achever ses soldats blessés.
Dans le centre réhabilité
et embourgeoisé de Jaffa, on peut voir une figurine en
papier mâché du petit caporal râblé
avec son tricorne, qui rappelle aux touristes et aux habitants
de la ville le comportement de boomerang quaffectionne généralement
la cruauté. Mais sans doute les dirigeants israéliens
ne lont-ils pas suffisamment contemplée, tandis que
leur politique amenait le pays au bord de la destruction.
La sensation pesante
dun désastre imminent est lune des raisons
non encore évoquée de la « solution à
un seul Etat » que nous avons proposée et dont nous
nous faisons lavocat. Certes, « un seul Etat »,
cela serait bon pour les Palestiniens ; et cela serait bon, aussi,
pour les Israéliens. Mais un nouveau partage une
« solution » à deux Etats pourrait aussi
alléger les souffrances des Palestiniens, comme lont
fait observer à juste titre le Professeur Neumann et de
nombreux militants pacifistes modérés. Cette «
solution » pourrait même avoir les faveurs des élites
israélienne et palestinienne, bien quun Etat («
palestinien ») indépendant installé en Cisjordanie
et dans la bande de Gaza ne saurait en rien apporter une solution
au problème des réfugiés. Toutefois, en aucune
façon, le partage (ainsi proposé) ne saurait lever
la menace posée au monde entier par lEtat juif voyou,
et elle nempêcherait en rien le désastre imminent
en Terre Sainte.
Même plus petit,
un Etat juif nen resterait pas moins le siège du
Mossad et de son unité dassassins sur ordres, le
Kidon. Même plus petit, un Etat juif posséderait
encore des armes nucléaires. Même plus petit, un
Etat juif continuerait à être empoisonné par
son idéologie profondément ancrée et extraordinairement
xénophobe, et il resterait une source de contamination
idéologique. Même plus petit, un Etat juif serait
lourdement compromis dans des politiques de subversion active
de Moscou à Washington, District of Columbia. Autre risque
ce nest quune question de temps : le dirigeant
dun pays poussé dans ses derniers retranchements
que ce soit en Corée du Nord, en Iran, en Egypte,
ou en Russie se remémorera les corps des fils de
Saddam et décidera de marcher dans les brisées de
Baïbars et des sultans mongols qui ont su déloger
les Assassins de leurs nids daigle. Car, sans Israël,
les soldats américains joueraient aux boules autour de
leurs bases militaires, en Géorgie (USA) ou au Texas, au
lieu de pourchasser les « haïsseurs de juifs »
sur les cinq continents. La chute dIsraël est inévitable
; la seule question qui se pose encore est celle de savoir sil
sera chassé par la force, son territoire étant détruit,
ou sil sera absorbé pacifiquement dans la région
du Moyen-Orient.
Légalité
en Terre Sainte voilà qui nest pas seulement
une exigence morale ; cest la seule façon de sauver
le pays de la destruction qui sapproche à grands
pas. Ce nest pas nous, les faiseurs de bien ou les amoureux
de la paix, qui devrons faire le choix entre légalité
ou la mort, cest linéluctable enchaînement
des événements eux-mêmes.
La cruauté dIsraël,
sa vindicte et son incapacité à respecter autrui
ont poussé des centaines de Palestiniens à lhorreur
du martyre. Si ou plutôt : quand un martyr
en puissance sera équipé dune bombe nucléaire
miniaturisée et non plus dune bombe fabriquée
maison avec de la dynamite et des boulons, lhistoire lamentable
de lEtat juif aura pris fin.
Le glacis juif dIsraël
est fort mince: deux petites bombes nucléaires dune
demie mégatonne chacune, bien ajustées, pourraient
leffacer de la surface de la Terre. Il se peut que dans
ses derniers soubresauts dagonie, il fasse de ses menaces
exprimées par le Professeur van Creveld de lUniversité
Hébraïque de Jérusalem une réalité,
et quil «disparaisse dans les abîmes en emportant
le monde derrière lui », car les missiles nucléaires
israéliens sont pointés, nous confie ce van Creveld,
aussi bien sur les capitales européennes que sur celles
des pays voisins. Mais toutes les mesures de sécurité,
aussi draconiennes soient-elles, ne pourront jamais arrêter
une kamikaze nucléaire, et elle risquerait fort de ne tenir
aucun compte du sort de gens qui nont su protéger
ni elle-même, ni sa famille.
Alors, quelques années
après lexplosion finale, les ruines de Tel-Aviv se
mêleraient harmonieusement à celles dArsour.
[i]
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