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Il est grand temps de traduire la Bible en hébreu !

(De quelle manière pouvons-nous déjouer le Complot des Sages de Sion ?)

Intervention d’Israel Adam Shamir à la Conférence de Rhodes (8-12 octobre 2009)

www.israelshamir.net

traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier

 

« Nous avons urgemment besoin d’un Ancien Testament, qui soit  véritablement chrétien, en hébreu : la source hébraïque de la Septante doit être reconstituée »,

affirme Israël Shamir.

  

Saint Jérôme écrivant (1608)

(Le Caravage - Eglise Saint-Jean, La Valette, île de Malte).

 

On raconte que, lors d’une conférence de presse du Président George W. Bush, avant qu’il ne reparte d’Israël, au cours de laquelle on lui avait demandé ce qui l’avait le plus impressionné dans ce pays, le Texan avait répondu :

 

« Cette Bible, là, dans ma chambre : elle était écrite dans votre langue ! En dépit de toutes ces guerres et du terrorisme, vous n’avez pas épargné vos efforts : vous avez traduit la Sainte Bible en hébreu… et avec une telle rapidité… ; oui, c’est vraiment cela, qui m’a impressionné plus que tout !.. »

 

Au-delà du fait qu’elle tourne en ridicule la proverbiale ignorance texane, cette blague israélienne entend nous rappeler que l’Ancien Testament a été écrit en hébreu et que tout exemplaire de l’Ancien Testament que vous trouvez dans le tiroir de la table de nuit de votre chambre d’hôtel est une traduction de l’antique texte hébreu. Cela a des implications extraordinairement importantes : les juifs sont les gardiens et les conservateurs d’un des textes sacrés fondateurs du christianisme. Or, cette implication est intégrée, de manière subliminale (voire, consciente), par l’Occident.

 

Les conséquences de cette implication vont bien au-delà de simples détails textuels. Les Brahmines de l’Inde sont les gardiens des Vedas et cela leur vaut influence, argent et postes ministériels. De même, en Occident, les gardiens juifs des Ecritures détiennent, du fait de ce droit acquis, une influence absolument extra-ordinaire, totalement hors de proportion par rapport à leur importance démographique – une influence qu’il est impossible d’expliquer autrement.

 

Argent, exclusivisme, possession des médias : tous ces traits sont fréquemment mentionnés parmi les raisons de cette influence juive disproportionnée. Mais cela n’explique pas tout, pourtant : d’une part cette influence est à son comble aux Etats-Unis, en particulier, mais aussi en Occident, de manière générale, certes ; mais les juifs de Serbie et de Grèce, de Turquie et de Syrie, d’Inde et de Chine, quant à eux, ne sont pas non plus particulièrement pauvres, et ils sont non moins exclusivistes, mais ils sont beaucoup moins influents. Nous sommes, par conséquent, en mesure de proposer une autre raison, différente : la blague israélo-texane de tout à l’heure n’aurait pu être comprise sur-le-champ dans ces pays, parce que, pour les musulmans, pour les hindous, pour les Chinois ainsi, d’ailleurs, que pour les chrétiens orthodoxes, les juifs n’ont aucune fonction sacrale : ils ne sont en rien les gardiens de leurs textes sacrés. Les non-chrétiens ont leurs propres textes sacrés. Quant aux chrétiens orthodoxes, leur Ancien Testament est la Septante, ce texte grec composé quelque deux siècles avant le Christ et un millénaire avant que l’actuelle Bible juive (appelée TM, le texte massorétique), n’eût été achevée.

 

Même si le schisme entre les Eglises orientale et occidentale est généralement attribué à la controverse du Filioque, le véritable point de bifurcation entre l’Orient chrétien et l’Occident chrétien se situe dans le choix que l’un et l’autre ont fait de leur texte fondateur (mis à part, bien entendu, le Nouveau Testament).

 

Les Occidentaux (catholiques et protestants) recourent à l’Ancien Testament qu’ils ont traduit à partir du Texte Massorétique [qui sera noté TM, dans la suite de cet article, ndt] juif ; alors que les Orientaux se fondent, quant à eux, sur le texte grec, comme version originale.

 

Il y a là une différence extrêmement importante. Quand Saint Paul a dit que les opposés étaient unis en Christ, il a mentionné l’homme et la femme, ainsi que le juif et le Grec (Galates 3:28).

 

De fait, le juif et l’Hellène idéaux sont aussi opposés entre eux que le sont l’homme et la femme idéaux, et les textes juif et hellénique sont, de même, à l’opposé l’un de l’autre. De plus, les traductions à partir de l’un et de l’autre de ces textes portent l’empreinte de l’esprit de leur original. L’esprit hellénique a trouvé son expression dans la Septante, tandis que l’esprit judaïque était exprimé dans le texte hébreu massorétique, le TM. Le christianisme, dans son ensemble, trace un passage étroit entre ses tendances judaïque, d’une part, et hellénique, de l’autre, qui sont aux prises entre elles en un combat éternel, comme le sont le Yin et le Yang. Le choix qu’elles ont opéré de l’Ancien Testament pour texte fondateur a amené les Eglises orientales à privilégier la tendance hellénique, et les Eglises occidentales à choisir la tendance judaïque.

 

Mais avant de continuer, permettez-moi de vous faire un aveu : jusqu’à une date très récente, je n’avais pas conscience de ce problème et, comme tout un chacun, je pensais que l’Ancien Testament, dans n’importe quelle langue, était une traduction de l’original hébreu, le TM. Mais voici, de cela, quelques mois, je me suis rendu à Moscou, où j’ai bénéficié à plein de la fabuleuse hospitalité des Moscovites, qui sont capables de transformer n’importe quelle soirée amicale autour de deux verres de vodka en un symposium platonicien – en un banquet de raison et en une célébration de l’âme. Un jour, mon ami Michael, qui enseigne à l’Université de Moscou, m’a dit qu’un célèbre Starets désirait me recevoir. Ce mot (russe), ‘Starets’, équivalent du gerōn grec, de « sage », signifie, dans l’orthodoxie orientale, un chef spirituel monastique – ‘un guide spirituel charismatique capable d’aider autrui à atteindre progrès et  succès spirituels’, comme nous l’explique l’Encyclopaedia Britannica.

 

Le Starets, à Moscou, est très connu, en tant que confesseur et que personne capable de lire dans les cœurs – c’est un homme qui comprend l’âme humaine et son cheminement vers le salut. J’ai été immensément touché et honoré par cette invitation, car les gens attendent normalement des mois entiers pour pouvoir le rencontrer et recevoir ses bénédictions. Certes, j’avais rencontré des princes de l’Eglise – des évêques et des cardinaux, ainsi que les moines du Mont Athos et de Jérusalem –, mais les sages orthodoxes russes sont encore autre chose : ils sont le cœur secret de la foi.

 

Nous avons quitté Moscou en voiture, à quatre heures du matin, pour nous rendre au monastère. La route était dégagée, et seuls quelques pèlerins attendaient que les lourdes portes du monastère s’ouvrent. Ce n’est ici ni le moment, ni le lieu de relater dans les moindres détails tout ce qu’il s’est passé lors de cette rencontre, mais je vais vous raconter le plus important : le Starets m’a fait part de son désir de publier l’Ancien Testament en hébreu, corrigé conformément à la Bible de la Reine Elizabeth, qui est la Bible de l’Eglise orthodoxe russe.

 

Tout d’abord, je fus sous le choc, j’étais abasourdi, et j’avais du mal à remettre de l’ordre dans mes idées. La Bible de la Reine Elizabeth Petrovna « La Clémente » (1751) [que nous désignerons par l’acronyme BRE, dans la suite de l’article, ndt] est une traduction – une traduction à partir du grec, en vieux slavon de l’église orthodoxe. N’était-ce pas là un projet péchant par son excès d’ambition : corriger l’original en se basant sur une traduction ? Son ampleur éclipserait, en tout cas, tout projet postmoderniste !

Elizabeth empress.jpg

Elizabeth Ire La Clémente

Елизавета Петровна

Reine de Russie de 1741 à 1762

 

Et voici  un autre aveu, encore plus complet que le précédent : l’idée de traduire une traduction, voire de reconstituer l’original à partir d’une traduction n’était pas quelque chose de totalement nouveau pour moi.

 

Les traductions ne sont pas des reproductions neutres produites par des machines ; elles véhiculent deux charges : la culture d’origine du texte et la culture du traducteur. Une traduction peut, en effet, être traduite à son tour. J’étais conscient de cette complexité. En effet, il y a quelques années, j’avais traduit l’Odyssée en russe à partir des traductions en anglais de Lawrence (1932) et de Rieu (1946), et non pas à partir de l’original en grec (cette traduction a été publiée en 2000 par Aletheia, une maison éditrice de classiques grecs d’inspiration heideggerienne, sise à Saint Petersburg). J’ai choisi cette manière de procéder afin de transmettre l’idée de Jorge Luis Borges, selon lequel, aux yeux du lecteur moderne,  l’Ulysse de Joyce précède l’Odyssée d’Homère. Les traductions anglaises post-joyciennes de l’Odyssée convoyaient ce message subliminal, que je me suis efforcé de préserver dans ma  traduction en russe (pour plus d’information, en russe, à ce sujet, voir : http://www.israelshamir.net/ru/odysseia0.htm)

 

Plus je réfléchissais à ce que m’avait dit le Starets, et plus cela faisait sens à mes yeux. Pratiquement, il proposait de reconstruire le H70, l’original hébreu de la Septante, tout en utilisant la BRE pour trancher, entre de nombreuses leçons. Vous verrez bientôt pourquoi cela pourrait être de nature à renverser la vapeur d’un processus de judaïsation et de dégradation de longue date, et à initier la cicatrisation du schisme entre l’Occident et l’Orient, tout en aidant les juifs à dépasser leur hubris et à faire la paix avec les nations. Les juifs ont traduit la Bible dans les langues des nations afin d’influencer celles-ci ; le monde a une dette envers eux, et il est temps de les rembourser en leur donnant le véritable texte hébreu original de l’Ancien Testament, libre de toute censure et de tous les ajouts ultérieurs, exactement tel qu’on le lisait à l’époque du Second Temple.

 

Pourquoi ce projet scripturaire (apparemment éminemment théorique) influencera-t-il le monde réel ? Les choses sacrées influencent notre monde bien plus qu’il n’est acceptable de le reconnaître dans une société policée. Les Nuls pensent que tout est fait uniquement en raison de considérations pécuniaires. Mais, en réalité, c’est l’autorité spirituelle qui décide de tout. Le monde basé sur la Bible juive n’est pas identique à un monde qui serait, lui, basé sur la Bible grecque. Les priorités d’un tel monde seraient différentes. Les textes eux-mêmes diffèrent entre eux. Le texte hébreu utilisé aujourd’hui par les juifs (ainsi que par de minuscules communautés de chrétiens parlant l’hébreu), généralement appelé TM (texte massorétique), n’est pas du tout celui que lisaient le Christ et Ses apôtres !

 

Si vous ouvrez le Nouveau Testament, vous constaterez que les références qu’il fait à l’Ancien Testament ne sont pas cohérentes. Ainsi, par exemple, Mathieu 12:21 cite Isaïe : « En Son nom, les Gentils croiront ». Mais si vous vérifiez à Isaïe 42:4, vous verrez quelque chose de totalement différent : « Les îles attendront sa loi ». Ou encore, dans les Actes 7:14, Stéphane dit que « soixante-quinze » âmes sont descendues en Egypte, en compagnie de Jacob. Mais vérifiez dans l’Ancien Testament (Genèse 46:27 ; Deutéronome 10:22) : celui-ci dit que seulement soixante-dix personnes sont allées en Egypte. Cela ne signifie nullement que les traducteurs du Roi James, ou que n’importe quel autre traducteur de l’Ancien Testament, auraient fait une erreur : non, ils ont traduit de manière correcte, mais à partir de la mauvaise version, à partir du TM, du texte massorétique, alors que Jésus, Ses apôtres et les scripteurs du Nouveau Testament, en général, avaient, eux, lu et cité, soit la Septante [LXX, dans la suite de ce texte, ndt], soit sa source hébraïque [H70].

 

Traduire le TM, en lieu et place de la Septante (LXX) ou de sa source hébraïque (H70), tout en en faisant la source de toutes les traductions occidentales postérieures de l’Ancien Testament, fut le coup le plus pendable que les biblistes juifs aient jamais réalisé et c’est en cela que réside la cause profonde de la judaïsation de l’Occident.

 

Ce TM n’est pas extrêmement ancien : le plus vieux manuscrit complet de ce texte, le Codex de Leningrad (qui date de 1008) – a tout juste un peu plus de mille ans, alors que la LXX est beaucoup plus ancienne. La traduction de la LXX avait été réalisée en une ère très différente – elle a été traduite non seulement avant le Christ, mais même avant la révolte des Macchabées. A l’époque, c’est-à-dire au Troisième siècle avant JC, le monde hellénistique englobait la Palestine, l’Egypte, la Syrie et les pays voisins. Les juifs étaient parfaitement intégrés à ce monde hellénique et la longue lutte entre les deux esprits de l’ancienne foi d’Israël venait tout juste de commencer :

 

L’une, l’esprit nationaliste exclusiviste introverti, revendiquait sa propriété privée sur la Loi divine et l’accès exclusif des Elus d’Israël  au Créateur : tout étranger qui aurait été pris sur le vif en train de lire la Loi devait être mis à mort ; toute traduction de la Bible en grec était un péché extrêmement grave, équivalent à la fabrication d’un veau d’or (Exode 32:4), affirmaient ses tenants.

 

L’autre esprit [l’hellénistique, ndt] proclamait l’universalité et conduisait au Christ : la Loi et la miséricorde de Dieu devaient être accordées à tous les hommes, qui qu’ils fussent.

 

En termes d’aujourd’hui, il s’agit là des deux idéologies (opposées) de privatisation et de nationalisation. La bataille se livrait dans les trois sièges de la foi ancienne : à Alexandrie, à Babylone et à Jérusalem. Alexandrie était la plus universelle des trois villes, Babylone était la plus entichée de propriété privée et Jérusalem était le champ de bataille de la rivalité entre les deux premières. A Alexandrie, une heureuse synthèse entre les idées juives et les idées helléniques se réalisa dans la traduction des soixante-dix Sages nommés par le Grand Prêtre. C’est ainsi que s’effectua la révélation d’Israël au monde entier, qui prépara la voie à la levée du Christ.

 

Cette traduction était rien moins que miraculeuse. L’équipe des traducteurs étaient formée de six membres de chacune des douze tribus d’Israël, ce qui aurait dû nous donner soixante-douze traducteurs. Mais cette traduction est appelée Traduction des Soixante Dix parce que soixante dix est la valeur numérique du mot hébreu « Sod », qui signifie « secret ». Les Soixante Dix, en effet, révélèrent le secret que les juifs exclusivistes ne voulaient à aucun prix partager. « Qu’il soit maudit, celui qui révèlera notre secret aux Gentils », avaient-ils inscrit sur le sol de la synagogue d’Ein-Gédi. A trois reprises, les filles de Jérusalem furent mises en garde de « ne pas exciter ou susciter l’amour avant que tel ne soit le bon plaisir (de Jérusalem) » (Cantique des Cantiques 3) et cela signifiait : « ne révélez pas notre secret aux Gentils », explique le Talmud. Furieux d’avoir vu leur secret éventé, les juifs exclusivistes détruisirent la source hébraïque de la Septante. Aucune copie n’échappa à la destruction. A Jérusalem, les juifs nationalistes massacrèrent les juifs hellénisés proto-chrétiens, au cours de la révolte des Macchabées.

 

La mise en garde, sur le sol de la synagogue de ‘Ein Gedi (Palestine occupée), figure à la neuvième ligne

 

Avec la venue du Christ, la liberté de pensée judéo-hellénique trouva à nouveau son expression, qui fut l’objet de la haine des nationalistes, qui s’engagèrent dans un long cheminement visant à recouvrer leur contrôle absolu sur les Ecritures. Durant des siècles, les scribes restèrent courbés sur le texte de l’Ancien Testament, tirant partie de ses multiples lectures possibles de certaines consonnes ambigües, jusqu’à ce qu’ils finissent par parachever le texte que nous connaissons aujourd’hui. Son principal paradigme avait été totalement changé : si l’ancien texte conduisait au Christ, le Sauveur à la fois personnel et universel, sa nouvelle version implantait le concept nationaliste d’un messie appartenant au seul peuple d’Israël et, ce, pour son seul salut. Les nations du monde devaient être vues comme constituées de demi-animaux pécheurs n’ayant aucun accès à Dieu. Le nom de « juifs » fut accolé à cette petite bande de fanatiques, tandis que les juifs hellénisés devinrent plus connus sous le nom de ‘chrétiens’ et que l’on cessait peu à peu de leur donner le nom de ‘juifs’. Ce qui avait été jusqu’alors une polémique entre deux écoles de pensée à l’intérieur du cadre général juif, était devenu la Castagne entre l’esprit judaïque et l’esprit chrétien.

 

Les juifs exclusivistes ne parvinrent pas à détruire la Septante – il en existait de bien trop nombreux exemplaires chez les non-juifs – et la LXX avait été diffusée largement ; elle avait réussi à amener les nations au Christ. C’est la raison pour laquelle, dans leur tentative de faire rentrer à nouveau le génie de l’esprit libre dans sa bouteille, les juifs firent – l’une à la suite de l’autre – trois traductions de l’Ancien Testament en grec, précisément afin de contrer la Septante. Ces traductions furent faites à partir de la version proto-massorétique (de l’Ancien Testament) ; elles étaient donc particulièrement tendancieuses. Ainsi, « La Vierge », dans la prophétie, devint « une jeune femme », dans leur version. Depuis lors, les juifs ont réalisé et/ou influencé des dizaines de traductions dans toutes les langues, tout en défendant bec et ongles leur propre version hébraïque, le TM, en tant que (prétendument) unique source première légitime.

 

L’Eglise naissante ne s’était pas préoccupée outre-mesure de ces menées, car elle considérait que l’hébreu n’était qu’une langue morte à l’usage des scribes, alors que les gens cultivés utilisaient le grec et que les gens du peuple, dans la région, parlaient l’araméen. L’Eglise rejeta, par conséquent, la version hébraïque [de l’Ancien Testament, ndt], n’y voyant qu’un cocon vide abandonné par un papillon ma foi assez élégant. La Septante fut considérée comme le texte inspiré directement par Dieu et c’est sur cette base que le Nouveau Testament et les écrits des Pères de l’Eglise furent rédigés. L’Eglise orthodoxe orientale préfère encore aujourd’hui la Septante au texte massorétique, parce que la traduction des Soixante Dix Sages avait été conservée à l’intérieur de cette Eglise, et ce, par ses soins, alors que le texte hébreu avait été conservé et rédigé par des forces antichrétiennes.

 

Lorsque, (bien) plus tard, les érudits chrétiens s’intéressèrent à l’Ancien Testament et qu’ils comparèrent les traductions judaïques à la Septante, ils se fièrent inévitablement à la Bible juive, car, à l’époque, les juifs disposaient des manuscrits en hébreu, ainsi que de l’appareil critique en permettant l’interprétation. Comme vous vous en souvenez sans doute, la H70, l’antique source hébraïque de la Septante, avait été détruite par les juifs nationalistes. Un grand lettré, Origène, se tourna par conséquent vers les juifs afin de recueillir leur avis, et ceux-ci lui prodiguèrent une surabondance de conseils – sauf que lesdits conseils étaient fondés sur leur compréhension, à eux, de leur texte, à eux. Origène décida alors d’améliorer la Septante et il l’amenda conformément à la Bible juive de son époque. Certains de ces amendements finirent par se retrouver dans le corpus de la Septante. Mais l’Eglise orientale demeura peu ou prou indemne, car la Septante continua à être la version officielle de l’Ancien Testament pour l’Orient de langue grecque, qui s’étendait depuis Constantinople jusqu’à Alexandrie.

 

Mais l’Occident, lui, ne lisait pas le grec. Durant très longtemps, il recourut aux anciennes traductions latines à partir de la Septante ; l’unité de l’Eglise demeura forte, mais les traductions étaient, quant à elles, déplorables. Finalement, Jérôme, homme merveilleux et très grand lettré, qui vécut durant trente-quatre années en Palestine, décida de corriger les vieilles traductions latines et de les actualiser. Il commença même ce travail en utilisant la Septante. Par la suite, cependant, il marcha dans les brisées d’Origène et il se tourna vers les juifs pour leur demander leur avis et leur interprétation. Cela fut le début de la fin. Il fut entraîné, et c’est lui, pauvre Jérôme, qui franchit le pas fatal qui rendit l’Occident sensible à l’influence juive. Il se détacha totalement de la Septante et il fit une traduction flambante neuve en latin à partir de la Bible hébraïque de son époque, le texte proto-massorétique. Les juifs, bien entendu, adorèrent le résultat, mais Saint Augustin, choqué par cette mauvaise action, écrivit, dans sa Cité de Dieu :

 

« Même si les juifs reconnaissent le caractère ‘fructueux’ de ce travail ‘plein d’érudition’ [la traduction, par Jérôme, de l’Ancien Testament à partir de l’hébreu], tout en affirmant (faussement) que les soixante dix traducteurs se seraient ‘trompés en maints passages’, il n’en reste pas moins que l’Eglise du Christ juge que personne ne saurait être préféré à l’autorité des Soixante Dix et que nous devons croire que le don prophétique a bien été accordé aux  Soixante Dix (et de nulle autre personne que ceux-ci) ».

 

Ses contemporains condamnèrent Jérôme, car ils avaient remarqué que celui-ci avait commencé à apparaître de plus en plus juif dans ses positions et qu’avec l’âge, ses amis juifs commençaient à avoir de plus en plus d’influence sur lui. Un de ses anciens amis, Rufin, attaqua les tendances pro-juives de Jérôme. Jérôme, en réponse à l’œuvre critique à son égard dudit Rufin, reconnut sans ambages la véridicité de ses affirmations. Jérôme écrivit, dans son Apologie contre Rufin : « Il n’y a rien de blâmable au fait que j’aie sollicité et obtenu l’aide d’un juif, dans un travail de traduction à partir de l’hébreu ! » Il ajouta qu’il ne « comprenait pas comment il pouvait se faire que des interprétations juives, de-ci, de-là, pussent être de nature à saper la foi des Chrétiens ». C’est ainsi que les juifs réussirent à planter les mauvaises graines qui allaient finir par bourgeonner et par donner l’acceptation du texte massorétique juif et l’abolition virtuelle de la Septante grecque, qui est la seule et unique Ecriture chrétienne authentique du Christ et des Ses Apôtres.

 

Une des raisons pour lesquelles Jérôme (et, avant lui, Origène) avait accepté la version juive était son manque de toute perspective historique. La perspective, dans les arts visuels, fut découverte au Quinzième siècle, alors que la perspective historique ne l’a pas été avant le Dix-septième. Jusqu’à cette époque, l’humanité n’avait pas conscience du torrent du Temps. Don Quichotte considérait qu’Achille et Hector étaient des chevaliers comme lui, ou comme Lancelot. Les Croisés avaient cru que la mosquée d’Omar n’était pas autre chose que le Temple de Salomon. Pour Origène et pour Jérôme, l’Ancien Testament était l’Ancien Testament, et les juifs étaient les juifs ; point barre. Ils ne comprenaient pas que le texte hébreu de l’Ancien Testament avait été modifié depuis l’époque de Ptolémée II Philadelphe, c’est-à-dire précisément à l’époque où la Septante avait été créée. Certains de ces changements étaient tendancieux, d’autre étaient dus aux erreurs de certains scribes, et d’autres encore étaient le résultat de certains contresens.

 

Le spécialiste orthodoxe de la Bible Nicolas Glubokovsky a écrit : « La traduction grecque reproduisait un type textuel hébreu indépendant, qui n’était pas sévèrement censuré par les autorités rabbiniques. C’est la raison pour laquelle la LXX et le TM diffèrent si profondément entre eux, et leurs lectures de l’esprit messianique et chrétien étaient et sont encore aux antipodes l’une de l’autre ».

 

Origène et Jérôme croyaient au mythe de la conservation scrupuleuse des rouleaux de l’Ancien Testament par les juifs. Ils ignoraient que les juifs avaient détruit les manuscrits initiaux, qui étaient d’un type différent. L’Eglise n’avait pas de telles pratiques d’autodafé, et à l’époque de Jérôme, il y avait autant de versions que de Codex (« tot exemplaria paene quot codices »). L’Islam, toutefois, adopta la vision juive, et toutes les versions différentes du Coran furent détruites, si bien qu’il n’en survécut qu’une seule.

 

C’est donc Jérôme qui a mis en terre la semence de l’influence juive, et celle-ci a fait ses incursions majeures à partir du neuvième siècle, époque où la Vulgate de Jérôme fut universellement reconnue. Néanmoins, l’Ancien Testament n’était pas lu largement – le latin n’était pas compris par tout le monde – et son influence demeurait quelque peu limitée – jusqu’au moment où les Protestants se mirent à répandre leurs traductions de l’Ancien Testament en langues vernaculaires.

 

L’on peut comparer le résultat immédiat qu’eut cette diffusion à l’irruption d’une épidémie d’une maladie depuis longtemps latente : les dévastations et les massacres de civils jusqu’alors inouïs, durant la Guerre de Trente Ans, furent influencés par la diffusion des traductions en langues vernaculaires du texte massorétique, tandis que les nations étaient infectées par son esprit nationaliste exlusiviste, totalement inconnu en Europe, jusqu’alors. La Bible du Roi James fut traduite à partir du texte massorétique (juif) et le résultat fut stupéfiant : les Britanniques se mirent à se considérer eux-mêmes comme un nouvel Israël de la chair, par opposition à l’Eglise, désormais considérée comme le Nouvel Israël selon l’Esprit.

 

Ils combattirent l’Eglise et ils infligèrent l’épuration ethnique prescrite dans le livre de Josué à leurs colonies du Nouveau Monde. Ils privatisèrent les terres communales de Grande-Bretagne et ils firent du peuple britannique des meutes d’indigents. La Bible germanique, traduite du texte massorétique, fit des Allemands des nationalistes fanatiques, préparant, en définitive, le terrain à Hitler. Ainsi, le texte massorétique (juif) et ses traductions eurent un effet énorme, voire magique. Le pétard placé au deuxième siècle dans les fondations mêmes des murailles de la société chrétienne venait d’exploser !

 

Les juifs devinrent des sortes d’Enchanteurs Merlin, derrière le trône du souverain des Britanniques, le Roi Arthur. Les gens, mécontents de cette prééminence des juifs, soit quittèrent le christianisme, adoptant divers cultes païens, soit devinrent imbus de l’aspect matériel du monde. La judaïsation de l’Occident et la dégradation de son esprit s’accélérèrent (voir http://en.wikipedia.org/wiki/Judaization_of_the_Galilee).

 

De nos jours, la bataille des traductions continue, aussi acharnée et aussi unilatérale que jamais. Les juifs produisent des dizaines de traductions en toutes sortes de langues, la suivante toujours plus judaïque que la précédente. Certaines sont ouvertement juives, comme la Bible de la Jewish Publication Society, d’autres sont crypto-juives ou « chrétiennes sionistes ». Ce long et laborieux travail sur ces traductions corrosives constitue le véritable Complot des Sages de Sion.

 

La Russie fut le dernier pays à être soumis à l’influence judaïsante de la traduction du texte massorétique. Jusqu’à la fin du XIXème siècle, les Russes n’étaient exposés qu’à la BRE, à l’ancienne traduction en slavon de la Septante, et ils étaient pieux, religieux, loyaux au trône. A la fin du XIXème siècle, la Masonic Bible Society, probritannique, avait publié une traduction du MT en langue russe courante. Très vite, l’influence juive commença à croître en Russie. Toutefois, l’Eglise russe n’a jamais accepté cette bible russe judaïsée pour son usage liturgique et elle continue à lire et à prier à partir de la BRE. Cela provoqua une coupure tragique à l’intérieur de l’Eglise russe orientée vers la Septante et le public, qui, lui, lisait le texte massorétique : une coupure qui culmina et vint à l’avant-scène avec la Révolution de 1917.

 

Et puis, tiens, permettez-moi de vous faire une autre confidence : en ma qualité d’ex-juif accueilli (par ma conversion) au sein de l’Eglise grecque orthodoxe de Jérusalem, je suis personnellement conscient, de manière particulièrement sensible, de la lutte continuelle entre ces deux esprits dans le monde. Le monde chrétien se soumettra-t-il à la judaïsation, ou bien les juifs finiront-ils par reconnaître le Christ ? Il y a de cela quelques jours, dans une église de Terre sainte, j’ai vu une Bible en hébreu, publiée par une association chrétienne dans le but d’amener les juifs à adopter le christianisme. Toutefois, l’Ancien Testament y avait été pompé sur le texte massorétique. Si un juif voit que les chrétiens, de fait, utilisent le texte juif mis au point par les rabbins juifs antichrétiens, comment pourrait-il accepter l’interprétation chrétienne ? La rencontre entre juifs et chrétiens doit amener des juifs à rejoindre l’Eglise, et non pas amener des chrétiens totalement paumés à abandonner l’Eglise.

 

Généralement, le prosélytisme échoue parce que les juifs se considèrent comme les gardiens des Ecritures, alors qu’ils devraient être considérés comme des gardiens de leur propre texte à eux, exactement comme la Peshitta araméenne, la Bible éthiopienne et la Torah samaritaine.

 

Le texte massorétique n’est pas autre chose qu’une machine infernale placée voici de cela plusieurs siècles sous les fortifications de la Cité de Dieu assiégée. La reconstitution de l’Ancien Testament en hébreu d’après la Septante conduirait les sapeurs juifs à poser le pied sur leur propre mine, et cela soulagerait grandement les assiégés. Une Bible en hébreu authentiquement chrétienne est désormais devenue une possibilité effective. La H70, source hébraïque de la Septante, peut être reconstituée sur la base des découvertes linguistiques des cent dernières années, avec l’aide des rouleaux de Qumran. Nous pouvons le faire – nous pouvons le faire assez rapidement et d’une manière très précise. Nous avons l’intention de le faire, avec votre aide. Une telle publication deviendra le point de retournement dans ce combat millénaire. La bataille sera portée en territoire ennemi, pour la première fois depuis 128 après JC, quand le disciple converti du Rabbin Akiba, Aquila, produisit sa traduction judaïque de l’Ancien Testament en grec.

 

Eût ce projet été entrepris par la jeune Eglise naissante, au deuxième siècle, l’influence juive serait aujourd’hui la même que l’influence samaritaine : autant dire, négligeable.

 

Il est certes bien tard. Mais il n’est pas (encore) trop tard !

 

Ceux qui doutent de la possibilité-même de reconstituer la H70 font généralement allusion aux multiples interprétations et versions à l’intérieur de cet océan que forment les manuscrits de la Septante. Mais leurs objections ne sont pas sincères ; elles cachent quelque chose. L’Eglise a une réponse très précise au sujet des interprétations et des diverses versions, et nous pouvons nous fier à Son inspiration. En nos sombres temps de confusion, nous pouvons faire confiance à l’interprétation de la Bible de la Reine Elizabeth de Russie, comme je l’ai indiqué en commençant cet exposé.

 

Pourquoi donc : la Bible de la Reine Elizabeth ? Et pourquoi pas une autre ? Pourquoi pas le texte grec ? La Bible de la Reine Elizabeth fut colligée dans le dernier pays du monde chrétien à avoir été judaïsé, la Russie du XVIIIème siècle, placée sous la protection de sa souveraine à la moins judaïsée. L’on avait demandé à la Reine Elizabeth de permettre aux marchands juifs d’entrer en territoire russe, car ils étaient censés lui apporter beaucoup de profit. Elle répondit : « Je ne souhaite bénéficier d’aucun profit de la part d’ennemis du Christ ».

 

Les idées occidentales (et, sous leur déguisement, l’influence juive) n’ont fait que fort peu de progrès, à l’époque. La Bible de la Reine Elizabeth fut éditée par des hommes d’Eglise, et non pas par des scientifiques, et elle fut éditée en totale conformité avec la tradition de l’Eglise. On peut la comparer à un mammouth que l’on aurait déterré dans la toundra gelée toute l’année : si son corps a survécu des milliers d’années durant, c’est parce qu’il a été protégé par le permafrost. Bien sûr, il est loisible d’abhorrer le permafrost et de lui préférer les tropiques, mais le permafrost est préférable, en matière de conservation des mammouths. De la même manière, l’on peut préférer un christianisme plus occidentalisé, davantage judaïsé. Mais si l’on veut découvrir l’antique tradition hellène dans toute sa pureté, alors rien de tel que de recourir à la Bible de Sainte Elizabeth.

 

Il y a plusieurs interprétations et diverses versions de la Septante. La Bible de la Reine Elizabeth a l’insigne avantage d’être un texte simple, basé sur la LXX, et totalement approuvé par l’Eglise. Sa langue est transparente, sa signification est claire et cela nous permettra de trouver et de reconstituer sa source hébraïque perdue (toutefois, d’autres approches sont possibles, qui sont susceptibles d’être prises en considération).

 

La reconstitution du Pentateuque pourra être achevée prochainement – avec votre aide.

 

[Pour recevoir de premiers chapitres de notre tentative de reconstitution d’H70, veuillez envoyer un mél à l’adresse adam@shamir.net, en indiquant, comme objet : H70. Votre éventuelle contribution financière à ce projet sera exonérée d’impôt aux Etats-Unis ; pour de modestes contributions, merci d’utiliser PayPal à l’adresse mentionnée ci-dessus. Pour des contributions plus importantes, un compte bancaire vous sera indiqué sur votre demande]

 

Israel Shamir

 

Traducteur de l’œuvre médiévale juive Sefer Yohassin du rabbin Abraham Zacuto, de l’hébreu en anglais (voir www.zacuto.org).

Traducteur de l’Odyssée d’Homère et de l’Ulysse de Joyce en russe (voir http://www.israelshamir.net/ru).

Traducteur du prix Nobel de Littérature israélien Shmuel Yosef Agnon, de l’hébreu moderne en russe.

 

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