Divine tempête
– Hommage à Simone Weil
par Israël
Shamir
shamir@home.se,
30.03.2003
De véritables
murailles de pluie glaciale et de grêle ont entouré ma chère
Jaffa. Les rues se sont transformées en torrents impétueux
tandis que la neige saupoudrait les palmiers et blanchissait les trottoirs
de Tel Aviv la subtropicale, en un contraste violent avec des cieux violacés
et très bas, juste une paume de main au-dessus des beffrois et des
minarets, et que l’ouragan balayait des masses de sable et des nuages menaçants
vers l’intérieur de la Palestine, en franchissant la Mer Morte.
Une tempête de sable d’une force inouïe a éclaté
d’un bout à l’autre du Moyen-Orient, arrêtant les tanks américains
dans le désert, aveuglant les pilotes des avions, recouvrant les
viseurs de leurs armes, menaçant de renverser les monstrueux vaisseaux
de guerre dans le Golfe. Une centaine de transports de troupes blindés
ont été bousillés par le sable s’infiltrant partout.
Une Tempête Divine avait semblablement sauvé le Japon du débarquement
des hordes mongoles de Kubilaï Khan ; et c’est un ouragan semblable
qui avait protégé l’Angleterre élisabéthaine
de l’occupation espagnole.
Comme les Espagnols
de l’Armada cinglant vers les côtes d’Albion, l’armada mammonite
n’était pas prête à une rencontre impromptue avec l’intervention
divine. Les envahisseurs avaient prévu de pénétrer
dans le ventre mou de l’Asie aussi facilement et onctueusement que la dague
de Jack l’Eventreur avait lardé celui de pauvres femmes sans défense.
Aucune opposition, quelle qu’elle soit, n’avait seulement été
envisagée.
John Wayne ou
Burt Lancaster auraient balancé leur flingot de secours à
leur ennemi désarmé avant que ne commencent les échanges
de tirs fatals. Mais les Mammonites n’ont rien avoir avec les nobles héros
américains des vieux westerns. Non contents de leur écrasante
supériorité technologique et de l’avantage numérique
(dix contre un) de la population américaine sur celle de l’Irak,
ils exigeaient que l’on désarmât leur ennemi. Les couards
ne débarquèrent qu’après que la servile Onu eût
dûment désarmé les Irakiens et pilonné les derniers
vieux missiles tout rouillés qui leur restaient.
Ils ne s’attendaient
nullement à cette intervention surnaturelle des éléments,
car le pouvoir des Mammonites et basé, pour reprendre l’expression
de Dostoïevski, sur l’intime conviction que Dieu n’existe pas. Mais
le monde matériel n’est pas pour autant fait de matière inerte.
Tout, dans ce monde, est vivant et corrélé : notre histoire,
notre présent et notre futur, nos conceptions et nos structures
sociales, les tempêtes de sable et les ouragans, les tremblements
de terre et les révolutions : tout cela fait partie intrinsèque
de la trinité étroitement soudée constituée
de la Terre, de l’Homme et de Dieu. La volonté des humains, de milliards
d’hommes et de femmes opposés à l’agression anglo-américaine,
a trouvé son expression dans des manifs monstres tout autour de
la Planète, ainsi que sous les voûtes solennelles des Nations
unies, mais cette volonté a été méprisée
par les Mammonites. Alors, la volonté du peuple s’est transmuée
en tempête de sable, comme pour nous rappeler que nos désirs
sont aussi puissants que ceux des dieux de l’Olympe, et que la volonté
commune du peuple est en vérité la Vox Dei. En ignorant la
Volonté de Dieu et des Hommes, le Parti de la Guerre a semé
les germes de sa destruction, car il est totalement intoxiqué par
son ubris de Puissance.
II
« Le fort
n’est jamais absolument fort, ni le faible absolument faible. Ceux qui
ont reçu la Puissance en dépôt de la part du destin
comptent exagérément sur elle et finissent par être
détruits. La Puissance est aussi impitoyable pour l’homme qui la
possède (ou pense la posséder) qu’avec ses victimes. Si elle
écrase celles-ci, elle intoxique celui-là », écrit
Simone Weil, la philosophe française visionnaire qui a été
témoin de cette grande intoxication de Puissance appelée
Seconde guerre mondiale. Elle fait allusion à la guerre de Troie,
tirant de l’Iliade cette leçon sublime : « L’espèce
humaine ne se divise pas, dans l’Iliade, entre conquis et conquérants.
Il n’y a aucune échappatoire au destin ; apprenez à ne pas
admirer la Puissance, à ne pas haïr l’ennemi, à ne pas
mépriser le vaincu. »
Cette sainte
contemporaine, qui, née dans une famille juive, avait rejoint les
Communistes, combattu en Espagne, travaillé avec les ouvriers de
Renault et suivi Sainte Thérèse en entrant dans les ordres
– Simone Weil, donc – a fait de la guerre de Troie une tragédie
tant pour les Grecs que pour les Troyens, car ni les uns ni les autres
n’ont su arrêter la guerre quand ils auraient pu le faire. A un certain
moment du combat, les Grecs auraient pu obtenir quatre vingt dix pour cent
de leurs exigences, mais ils préférèrent jouer leur
va-tout. A un autre moment, les Troyens auraient pu voir quatre vingt dix
pour cent de leurs buts de guerre satisfaits, mais eux aussi préfèrent
tout risquer. Les deux camps souffrirent, perdirent leurs meilleurs hommes,
et les Achéens victorieux furent défaits, cinquante ans plus
tard, par le déferlement des envahisseurs Doriens.
De la même
manière, en 1939, les nazis allèrent trop loin. Le monde
avait satisfait à certaines de leurs exigences, car Prague avait
été soumise au gouvernement germanique durant des siècles,
et le contrôle de la vallée de la Ruhr par la France n’avait
aucun fondement juridique ni traditionnel. L’exigence allemande d’un accès
totalement libre à Dantzig et à Königsberg n’avait rien
d’exorbitant. Hitler aurait pu s’en tenir là et obtenir ce qu’il
demandait. L’ « apaisement » était une politique sensée
et il allait de soi, en 1938. Mais, en 1939-1940, le Reich fit la démonstration
de sa boulimie. La Tchécoslovaquie, la Pologne, la Yougoslavie,
la Grèce, le Danemark – bref, de très nombreux Etats furent
enfoncés, si bien que le monde décida de mettre un terme
à l’expansion nazie. La guerre, épouvantable, ruina l’Europe
et la Russie, préparant le terrain à l’accession au pouvoir
des Mammonites.
Les sionistes,
eux aussi, sont allés trop loin. Ils auraient pu se contenter d’une
part décente de la douce terre de Palestine, des ouvriers palestiniens
pleins d’entrain et amicaux, des fournitures infinies de pétrole
à bon marché, provenant des puits de l’intérieur du
continent asiatique et s’écoulant par pipe-line vers les raffineries
de Haïfa – en résumé : de très bonnes conditions
d’existence pour eux-mêmes et leurs descendants. Mais ils voulurent
tout avoir, et ne rien laisser aux vaincus. C’est la raison pour laquelle
leurs jours sont comptés.
Les Mammonites
sont en train de répéter les erreurs d’Hitler et de Sharon.
D’abord, l’Afghanistan. Personne n’a jamais pu comprendre pourquoi les
Mammonites ont décidé de s’en prendre à ce royaume
perdu, mais ils l’ont détruit, procédant au massacre de masse
des prisonniers, détruisant les moyens de vivre des Afghans, relançant
une production d’opium que les Taliban contrôlaient sévèrement
jusqu’à il y a peu. Aujourd’hui, c’est au tour de l’Irak. La bataille
n’est pas encore tranchée, et voilà que déjà
Michael A. Ledeen, de l’American Enterprise Institute, sioniste et mammonite
(si tant est que ces deux idéologies siamoises puissent être
séparées), vient nous rappeler que l’ « Irak, c’est
une bataille, ce n’est pas la guerre. Après Bagdad, viendront Téhéran,
Damas, Riyad » [1]. Et, encore après, Paris, Berlin, Moscou,
Pékin. Aujourd’hui, ils veulent déboulonner Saddam Hussein
; demain ils exigeront la tête de Chirac, de Shroeder et de Poutine.
D’ores et déjà,
ils exigent un boycott total de la France [2] et les actions de représailles
sont en préparation. Voici une publicité payée par
les Mammonites : « Boycottons la France, car des vies et la sécurité
américaines sont en jeu. La France a absolument le droit de ne pas
être d’accord avec l’Amérique. Mais la France a quitté
le terrain de la simple dissension, passant à l’hostilité
active à l’encontre de l’Amérique. Le président français
Chirac a averti les pays est européens que s’ils s’avisaient de
prendre parti pour l’Amérique, la France s’opposerait à leur
entrée dans l’Union européenne ». Cette semaine, William
Safire a écrit dans le New York Times que « la France aidait
secrètement l’Irak à s’armer, notamment à acquérir
des missiles à longue portée. Ces missiles pourraient bientôt
être lancés contre des soldats américains ».
Safire est un Commissaire sioniste de première bourre, et son «
rapport » est une fatwa sioniste lancée contre la France et
son Président. Dans ce rapport [3] de l’union des fomenteurs de
guerre, ce plan est dévoilé : « Kristol a insisté
sur la nécessité de séparer l’Allemagne de la France,
mais il a relevé que « la diplomatie intelligente (nécessaire
pour ce faire) risque fort d’être au-dessus de ce qu’on est en droit
d’attendre de la part du Département d’Etat. » Perle ayant
déclaré que les « Américains ne sont pas vindicatifs
», Ledeen l’interrompit pour affirmer que, dans le cas de la France,
il espérait fortement qu’ils le seraient, et fortement.
C’est pourquoi
il est urgent de prendre de la graine de l’histoire américaine.
En 1823, le président James Monroe présenta la fameuse Doctrine
(qui porte son nom) dans le cadre de son adresse annuelle au Congrès.
En déclarant que le Vieux continent et le Nouveau monde avaient
des systèmes (politiques) différents et devaient demeurer
des sphères distinctes, Monroe insistait sur quatre points fondamentaux
: 1) Les Etats-Unis n’interféreraient pas dans les affaires intérieures
des Etats européens, ni dans les guerres qui pourraient les opposer
entre eux ; 2) Les Etats-Unis reconnaîtraient et n’interviendraient
pas dans les colonies et les dominions de l’hémisphère occidentale
; 3) L’hémisphère occidentale était fermée
à toute forme de colonisation et, enfin 4) toute tentative d’une
puissance occidentale d’opprimer ou de prendre le contrôle de toute
autre Etat dans l’hémisphère occidentale serait considérée
comme un acte hostile aux Etats-Unis.
Il est plus que
temps de proclamer la Doctrine eurasienne rigoureusement symétrique
à celle-ci. Que les Etats-Unis se tiennent à bonne distance
du Vieux monde de l’Eurasie, et qu’ils cessent leurs tentatives d’opprimer
ou de contrôler toute nation en Eurasie. La Grande Bretagne devra
décider si elle a l’intention d’agir en Cheval de Troie, pour reprendre
l’expression tellement pertinente de Charles de Gaulle, ou si elle veut
rejoindre sincèrement l’Europe. Les nations libres de l’Eurasie,
conduites par la France, l’Allemagne, la Russie et la Chine, devraient
condamner l’agression mammonite à l’Onu et en appeler à des
sanctions contre les agresseurs. Le dollar devrait cesser de représenter
la monnaie de réserve, et le remboursement de la dette américaine,
qui atteint aujourd’hui 6,4 trillions de dollars, devrait être exigé
rubis sur l’ongle. Les médias possédés par les Etats-Unis,
ces instruments de propagande, devraient être traités comme
les apologue du racisme qu’ils sont, pour avoir sanctifié le massacre
de milliers d’Arabes. Les forces armées des Etats-Unis devraient
quitter l’Eurasie. La paix serait ainsi restaurée dans l’intérêt
de toutes les parties.
III
Les sanctions
iniques contre le noble peuple irakien doivent être levées
immédiatement. Ces sanctions ont causé la mort de millions
d’innocents, dont un million d’enfants. Elles ont préparé
le terrain à l’agression mammonite. La terrible campagne de démonisation
des médias mammonites contre Saddam Hussein, les Irakiens et les
Arabes, en général, doit être dénoncée
pour ce qu’elle est : une apologie du sectarisme raciste.
Saddam Hussein
n’est ni le Père Noël ni Saint François d’Assise. Ce
n’est pas un gentil roi philosophe. Mais le président chilien Allende
était le dirigeant le plus libéral et progressiste qui fût,
et cela n’a nullement empêché qu’il ait été
renversé et assassiné par un dictateur sponsorisé
par la CIA, le général Pinochet, grand ami des Mammonites
sionistes Margaret Thatcher, Henry Kissinger et Conrad Black. Le premier
ministre libéral et progressiste d’Iran, Mohammed Mossadegh, avait,
lui aussi, été renversé et remplacé par le
régime autoritaire du Shah. Saddam Hussein a été créé
par l’esprit même du monde arabe, comme son défenseur. En
effet, une civilisation (au sens que Toynbee donne à ce terme) confrontée
à un péril mortel produit des dirigeants inflexibles et martiaux
capable de faire face à ce genre de défi.
Sur le point
d’être attaquée par son ennemi le plus cruel et le plus dangereux
de toute son histoire, la Russie avait produit un prêtre géorgien
défroqué, implacable et cruel, et en avait fait le chef de
l’Union soviétique. Un homme plus gentil, plus souple, n’aurait
pas été capable de sacrifier des millions de Russes (dont
son propre fils) à la victoire sur le Troisième Reich.
Le monde arabe
avait été lamentablement géré depuis des siècles
par des pouvoirs étrangers : les Turcs ottomans, les colonialistes,
et aujourd’hui la pieuvre des mammonites néo-colonialistes. Saddam
Hussein est le premier dirigeant arabe fort et véritablement indépendant
depuis Saladin ; cela n’est pas pure coïncidence s’il est né
à Tikrit, cette ville qui a jadis donné le jour au noble
vainqueur des Croisés. Il peut unifier le monde arabe et restaurer
le Califat – comme de Gaulle et Adenauer ont su restaurer l’Empire carolingien.
Cela doit être fait, car la parcellisation actuelle des pays arabes
a eu pour seul résultat de produire des émirats opulents,
des puits de pétrole sous haute protection étrangère
et l’appauvrissement des peuples. Saddam est capable de tenir tête
aux Mammonites et aux sionistes, c’est pourquoi il est tellement aimé
des peuples du Moyen-Orient.
Saddam est traîné
dans la boue par les médias mammonites, mais cela ne prouve qu’une
seule chose : il est l’homme qui convient, là où il faut.
Car si l’on regarde ceux que les médias mammonites louangent, on
constate qu’il s’agit obligatoirement de leurs collaborateurs. Ils aimaient
Mikhail Gorbachev, le démolisseur de l’URSS ; ils aiment Tony Blair,
qui a fait de l’Angleterre une colonie américaine. John Pilger a
bien décrit ce phénomène dans son introduction à
la nouvelle édition du grand classique de Phillip Knightley : La
Première victime [4] [The First Casualty] : « Les médias
eurent beau jeu de saluer « le nombre miraculeusement peu élevé
de victimes » durant la guerre du Golfe (il s’agit bien entendu du
peu de victimes britanniques et américaines), alors que l’horreur
de près d’un quart de million d’Irakiens massacrés par les
forces sous direction américaine était pratiquement passée
sous silence. » Hier, à la télévision israélienne,
le cruel ex-ministre de la défense d’Israël, Fuad Ben Eliezer,
assassin de centaines de civils palestiniens, a qualifié Saddam
Hussein de « personnage effrayant. » Pour moi, et pour bien
d’autres que moi, au Moyen-Orient, quiconque est de taille à effrayer
Ben Eliezer ne saurait être quelqu’un d’entièrement mauvais.
Saddam a passé
avec succès et avec les honneurs un très difficile examen
de guerre : son peuple lui demeure loyal et continue à combattre
l’agresseur mammonite. Nous devrions lui apporter notre soutien en ces
heures cruciales, de la même manière que Winston Churchill
avait apporté son soutien à Joseph Staline. Ne vous faites
pas de souci : lorsque le monde arabe aura reconquis son indépendance,
dans le cadre de l’Eurasie amicale, il produira des dirigeants sympathiques
et doux, amateurs des arts et des lettres.
IV
Des soldats américains
et anglais ont été envoyés commettre le pire des crimes
de guerre : l’agression contre un Etat souverain. Mais ce n’est pas dans
l’intérêt des Américains et des Anglais qu’ils ont
été envoyés le perpétrer. On les a envoyés
en Irak afin d’étendre le règne mammonite à l’ensemble
du Moyen-Orient. Nous n’identifions pas les Mammonites à l’ensemble
du peuple américain. Les Mammonites viennent et disparaissent, alors
que le peuple, lui, demeure à jamais. Les Européens ne doivent
pas non plus répéter la folie américaine en tentant
de « libérer » l’Amérique. Laissons les Américains
se libérer tout seuls du joug mammonite. C’est dans l’intérêt
des Européens, car les Mammonites ne sont pas des gens dépourvus
de rancune. Ils ne pardonneront à aucun de ceux qui se sont opposés
à leurs menées. Ils vont tout faire afin d’écraser
l’opposition interne aux Etats-Unis : ils ont d’ailleurs stocké
toutes les photographies des participants aux manifestations anti-guerre,
et ils vont les utiliser, tôt ou tard.
Les Mammonites
sont aveuglés par leur pouvoir absolu et par la réussite
de leur bon coup, qui a consisté à entraîner l’Amérique
dans leur plan mondial. Leur absence totale de compassion s’est manifestée
à Guantanamo, où ils maintiennent en cage leurs prisonniers
infortunés. Leur culot, leur ‘chutzpah’, s’est montré avec
éclat lorsqu’ils ont exigé que l’on désarmât
l’Irak avant de l’attaquer eux-mêmes, nous transformant tous, autant
que nous sommes, en hommes de main à leur service. Leur absence
de sincérité s’affiche à travers leurs campagnes massives
de mensonges et de désinformation. Leur nature athée se révèle
dans leur refus d’obéir aux instructions pastorales des Eglises
(Seuls de rares prêcheurs sionistes télévisés
soutiennent leur croisade).
Les Mammonites
utilisent le réseau d’influence des sionistes et trompent les juifs,
les incitant à leur obéir. Le Sénat américain
a commencé la guerre en offrant dix milliards de dollars à
l’Etat juif. En retour, le titre en lettres géantes « God
Bless America » ornait la une du grand quotidien israélien,
Yediot Aharonot d’aujourd’hui, tandis que le site ouèbe du même
journal déclarait que « les cœurs et les prières des
Israéliens sont tournés vers les forces armées des
Etats-Unis ». (Ben voyons ! Ndt)
« La plus
grosse part de la justification idéologique et de la pression politique
en faveur de la guerre contre l’Irak est venue des sionistes américains
de droite, dont de nombreux juifs étroitement alliés au Premier
ministre israélien Ariel Sharon et occupant des fonctions d’influence
tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’administration
Bush. Il s’agit d’une guerre de Bush et de Sharon contre l’Irak »,
a écrit Patrick Seale, observateur britannique spécialiste
du Moyen-Orient. Seale a raison – jusqu’à un certain point : les
rangs des sionistes « de gôche », dont beaucoup sont
juifs, sont infestés de Mammonites, à l’instar de leurs acolytes
de droite.
Bob Norman écrit,
depuis le Sud de la Floride [5] : « Robert Wexler s’est fait l’un
des critiques les plus acerbes du Président Bush. Ce membre libéral
du Congrès a attaqué Bush sur les questions environnementales,
la lutte anti-drogues, les scandales des grandes firmes, les suppressions
d’impôts en faveur des riches et la tactique électorale du
président en 2000. Mais ce Wexler a néanmoins déclaré
à la télévision que la guerre contre l’Irak était
une belle et bonne idée. Wexler et plusieurs autres juifs démocrates
du Congrès, emmenés par le Sénateur du Connecticut
Joe Lieberman et un petit troupeau de Représentants de Californie
et de New York, ont tombé la veste pour mener la bagarre en faveur
de la guerre. Ces mêmes hommes politiques représentent habituellement
le noyau dur de l’opposition (démocrate) à Bush : ils ont
donc contribué, ce faisant, à démolir tout espoir
de voir le parti démocrate retenir les chiens de guerre de Dick
Cheney ».
En soutenant
la guerre, les sionistes américains et britanniques ne mettent pas
en danger, eux, les fondements de leur pouvoir. Alors que leurs positions
éminentes dans les médias sont bien connues, « il y
a moins de quinze soldats juifs (0,03 % de la force d’invasion britannique
en Irak) parmi les 45 000 soldats britanniques actuellement en action dans
le cadre de la campagne militaire sous direction américaine [6],
écrit le quotidien israélien Haaretz. Cette disparité
en dit très long, et explique notamment l’expression satirique de
« fauconneaux » (du Pentagone). Les idées démentes
de ceux-ci incluent la restauration du Grand Israël du Nil à
l’Euphrate, ainsi que la « revanche historique » sur Babylone
pour la destruction du Temple de Salomon, en 586 avant J.C., revanche à
laquelle appelait David Ben Gourion, le fondateur d’Israël. Inutile
de dire que ces plans démentiels ne sont ni dans l’intérêt
bien compris des Américains, ni dans celui de la majorité
des juifs, heureusement sains d’esprit.
En rejetant le
pacte entre les Mammonites et les sionistes, nous n’identifions nullement
l’ennemi avec un groupe ethnique ou religieux. Et il est de fait que de
nombreux Américains d’origine juive sont contre la guerre et contre
les Mammonites. Je ne veux pas à nouveau mentionner ici leurs noms
éminemment respectables, car il n’est nul besoin d’établir
un distinguo quelconque entre eux et les Américains honnêtes
non-juifs. L’ennemi, c’est l’idéologie mammonite, « cet étrange
croisement entre attitudes romaines et hébraïques »,
pour reprendre l’expression de Simone Weil, qui a écrit :
« Les Romains
et les Hébreux sont très admirés, et on les cite à
chaque fois que l’on veut justifier un crime. Les peuples conquis par les
Romains faisaient l’objet de leur mépris, et ils n’avaient droit
à aucun récit épique propre, à aucune tragédie.
Pour les Hébreux, la cruauté envers les peuples vaincus était
licite, et même indispensable ». Simone Weil voyait dans les
Evangiles l’ultime et brillante manifestation de l’esprit hellène
de l’Iliade, cet esprit de compassion qui prend en compte l’humanité
des deux camps dans la guerre. C’est cet esprit que les Américains
feraient bien d’invoquer.
L’Amérique
compatissante et férocement indépendante d’Henry Thoreau
et Gore Vidal peut et doit remporter sa longue bataille contre l’esprit
mammonite. Etant donné que les principales régions des Etats-Unis
sont infiltrées au même point, l’issue consiste à donner
plus, beaucoup plus, de pouvoir aux Etats, tout en réduisant les
fonctions du Gouvernement fédéral, en les réduisant
à la gestion de la poste américaine. Le meilleur magasine
intellectuel américain, Harpers’ Monthly, a tracé récemment
un portrait idyllique d’un monde dans lequel, au lieu des Etats-Unis monstrueux,
quelques sept ou huit Etats (la Californie, la Nouvelle Angleterre, le
Texas, la Confédération, etc.) occuperaient le territoire
nord-américain situé entre le Mexique et le Canada. Ces Etats
plus petits et donc plus gérables (ils auraient la taille de la
France !) seraient à même de forger des relations faisant
sens entre leur population et leur territoire, de créer des communautés
réelles et non pas seulement imaginaires comme c’est aujourd’hui
le cas, de produire de l’art et de relier l’Homme et Dieu.
Les Américains
vivraient bien mieux, seraient plus heureux, auraient des vies plus inspirées.
Ainsi, par exemple, les 75 milliards de dollars que l’Amérique est
en train de dépenser pour sa guerre en Irak permettraient d’offrir
à cinquante millions d’Américain des soins gratuits, ou encore
d’offrir à six millions de jeunes gens un enseignement universitaire.
Les Américains seraient à même de célébrer
la Nativité du Christ, et non pas seulement les « soldes »
de Noël, et sa Résurrection à Pâques, sans peur.
Il n’est pas
jusqu’à l’esprit de commerce mammonite qui ne fût capable
de s’ébrouer de sa destructivité, si on le confinait à
la Grosse Pomme. Qui sait, peut-être une New York indépendante
recréerait-elle la gloire de Venise, la grande République
commerçante, une fois dégagée de l’emprise du continent
géant ?
Israël,
l’Etat juif exclusiviste, n’a quant à lui pas de place dans un Moyen-Orient
libéré ; mais ses habitants, Palestiniens adoptifs de religion
ou d’origine juive, seront les citoyens bienvenus et désirés
du Commonwealth palestinien, à égalité avec les indigènes
palestiniens. Leurs capacités les aideront à mener leur pays
commun vers la prospérité et l’égalité. Ainsi,
le noble objectif sioniste de ramener les juifs au foyer de leurs ancêtres
sera accompli, et les descendants des juifs, ailleurs dans le monde, pourront
oublier le séparatisme et se fondre pacifiquement dans les nations
au sein desquelles ils vivent.
[1] : New York
Sun, 19.03.2003.
[2] : http://www.newsmaxstore.com/a/boycottad
[3] : http://www.worldnetdaily.com/news/article.asp?ARTICLE_ID=31725
[4] : http://evatt.labor.net.au/news/201.html
[5] : http://www.newtimesbpb.com/issues/2002-09-26/norman.html/1/index.html
[6] : http://www.haaretzdaily.com/hasen/spages/275621.html
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