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Le blues de Poutine

par Israël Adam Shamir

Publié le 24/12/2015

plavevski / Shutterstock.com

Une ombre lourde s'abat sur le Nord ; le soleil  émerge rarement des nuages. Cette année, les rues de Russie sont nettement moins illuminées, et l'on n'est pas d'humeur festive. Seule la blancheur de la neige et les arbres de Noël brisent la tristesse et nous rappellent que nous approchons du point le plus bas du cycle cosmique, le solstice, quand les jours recommencent à grandir et les nuits à pâlir. Comme cet évènement stellaire annonce la Nativité de Notre Seigneur, c'est une période d'espoir qui s'ouvre après une année très difficile dans le monde entier.

Les amis de Poutine sont chagrins

Les Russes s'essaient à deviner ce que le président dira dans son adresse à la nation, à l'aube du Nouvel An. Il devrait dire : voilà, une année qui est bouclée, et nous allons tous retrouver le moral, proposent les uns. Mais même les plus optimistes sont déçus par des résultats économiques bien ternes, et ils  en imputent la faute au gouvernement du Premier ministre Medvedev et à son équipe néolibérale monétariste. Cela permet à Poutine de rester hors d'atteinte, mais le gouvernement est de moins en moins populaire.

  • Tandis que le rouble s'effondre, même le journal Komsomolskaïa Pravda , très lu et pro-Kremlin (j'y tiens occasionnellement une rubrique) a publié un appel à la démission des ministres de l'économie et des finances ou à leur remplacement. Il y a peu de chances que Poutine suive le conseil et nettoie les écuries de son gouvernement.
    • Il pourrait donner un coup de pouce à sa popularité en changeant tout ou partie de ses ministres, mais c'est quelqu'un de têtu et de loyal envers ses collègues, ce qui n'est pas si fréquent. Jamais une accusation n'a pu le convaincre de se débarrasser d'un membre de son équipe. Son ministre la défense antérieur, Serdjoukov, était impliqué dans des trafics douteux, tandis que son assistante bien aimée amassait des millions en vendant des actions MOD à ses fans. Mais Poutine l'a gardé, et lui a évité la prison. Il a dû démissionner pour devenir CEO, et elle a fait au maximum quelques semaines de prison.
    • La semaine dernière, le  dirigeant de l'opposition Navalny s'est  fait écho de lourdes charges contre le procureur général Tchaïka. Pour sa défense, Tchaika a dit que derrière la campagne se trouvait le célèbre Browder, un escroc américain qui s'est débrouillé pour s'approprier nombre d'avoirs russes de haute qualité pour rien, durant la vague de privatisations sous Eltsine. Finalement il a été forcé de partir avec son butin, et a été condamné à moult années de prison in absentia . Browder sent mauvais, certes, mais cela ne constitue pas un rempart solide pour Tchaïka. Mais Poutine a encore refusé de lâcher Tchaïka ou même de lancer une enquête indépendante sur les crimes qu'on lui impute.
    • Poutine se tient aux côtés du politicien le plus détesté de l'ère Eltsine, Anatoly Tchoubaïs. Le Financial Times l'a qualifié de « père des oligarques ». Après avoir quitté le gouvernement, Tchoubaïs a été engagé pour diriger le RUSNANO, une firme propriété de l'Etat, connue pour son gaspillage et ses détournements. Poutine l'a sauvé bien des fois de poursuites en justice.
    • Poutine est allé, le chapeau à la main, à Ekaterinbourg pour la cérémonie d'ouverture du Mémorial à Boris Eltsine (9 milliards de roubles) et a mentionné chaleureusement le président discrédité qui avait fait de lui son successeur. Les gens étaient furieux de voir leur président dans le rôle de profiteur du régime de Eltsine.
    • Pouvez-vous imaginer la Fox TV transmettant la propagande russe ? En Russie, c'est un bastion des médias russes, propriété de l'Etat et subventionné par les contribuables, qui se fait le relais du programme occidental anti-russe, comme l'a dit le réalisateur Nikita Michalkov, solide soutien de Poutine, dans une vidéo vue plus de deux millions de fois en quelques jours. Il a appelé Poutine a réaffirmer sa ligne et à bannir ses ennemis, mais la TV d'Etat a refusé de diffuser cette vidéo.
    • La conférence de presse de Poutine vient d'être l'occasion de plus de critiques encore. Outre les points mentionnés, les journalistes lui ont demandé pourquoi les patrons des entreprises d'Etat reçoivent des millions de dollars par an, alors que tout le monde est censé se serrer la ceinture. Ils ont demandé pourquoi la Banque centrale russe continue à acheter des bons du trésor US et à soutenir le dollar US aux dépens du rouble, et pourquoi la substitution des importations est un projet en panne, etc.

 

Voilà un aperçu des récriminations au sein de la foule poutiniste, de la part des gens qui ont soutenu sa reprise en main de la Crimée et son entrée en guerre en Syrie. Ils pourraient accepter des privations mais ils sont outrés par la bienveillance de Poutine envers des voleurs, par son apparent népotisme, par ses amis oligarques. Jusqu'à présent, les critiques ont évité d'attaquer Poutine, mais ce sont là les premières couleuvres. Le Dr Stepan Soulaskchine, à la tête d'un groupe de réflexion à Moscou, a publiquement accusé Poutine de mener en toute conscience la Russie sur la pente de la dégradation.

Cette insatisfaction en effervescence dans le propre camp de Poutine peut devenir plus dangereuse pour le président que la Fronde de 2011 de ses ennemis invétérés. En attendant, Poutine garde la tête froide, et ne veut pas plier le genou, sacrifier quelques uns de ses ministres les plus  haïs et PDG, ou mettre à niveau sa politique intérieure avec les attentes de la société civile. Il a peut-être raison, et les choses ne sont pas ce qu'on croit, mais on a besoin de voir la justice en action, pas seulement après coup.

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La Turquie fricote avec Israël

La friction causée par la décision d'Erdogan d'abattre le bombardier russe est une autre source d'amertume pour Poutine. Il avait fait beaucoup d'efforts pour nourrir de bonnes relations avec la Turquie. Et tout cela s'est effondré. Il y avait des projets gigantesques, depuis le gazoduc jusque dans le tourisme. Tout a été réduit à néant d'un coup. Les projets de Poutine de fournir l'Europe en gaz en contournant l'Ukraine hostile sont partis en fumée. C'est un gros revers pour le président russe. La rhétorique entre les dirigeants est devenue aigre. En Russie, les esprits enflammés parlent de s'emparer du Bosphore et des Dardanelles, de refaire d'Istanbul la Constantinople de jadis, et de restaurer la croix sur l'ancien clocher de Sainte Sophie. Le président turc a menacé d'occuper la Russie en une semaine, avec l'aide de l'Otan. Le choix turc est le résultat de son engagement excessif en Syrie. Il était tellement impliqué qu'il ne pouvait pas admettre de perdre la Syrie. Sa décision d'abattre le jet russe était certes radicale, mais les relations étaient déjà très tendues.

Le voyage de Poutine à Erevan et sa condamnation du « génocide turc des Arméniens en 1915 » était une provocation superflue. Aucun autre dirigeant au monde ne l'a fait, sauf François Hollande le Français qui y a passé deux heures et a filé à Bakou, capitale des Turcs azéris, ce qui a aplani le terrain. J'ai personnellement appelé Poutine à éviter ce mauvais pas, mais le lobby arménien, puissant, a insisté pour qu'il fasse le voyage.

A la suite de quoi, il y a eu la fuite supposée (mais c'était un faux) d'une conversation insultante entre Poutine et l'ambassadeur turc. J'ai vérifié la chose avec les deux ambassadeurs. C'était   un faux, mais ce faux a été répandu sur des millions de sites et d'articles.

Mais la question principale reste celle de la Syrie : deviendra-t-elle un Etat vassal de l'empire ottoman reconstitué ou restera-t-elle un Etat souverain conservant de solides liens avec la Russie ? La Russie pensait qu'elle avait la main, en tant qu'appelée à intervenir par le gouvernement légitime syrien ; mais la Turquie a refusé toute légitimité à Bachar.

La rupture entre la Turquie et la Russie est entrée dans les faits. Ses grands bénéficiaires sont les US et Israël. Pendant les cinq dernières années, les relations entre Israël et la Turquie avaient été hostiles, depuis que des commandos israéliens avaient massacré neuf militants pour la paix à bord du Navi Marmara, bateau turc. Face à la menace russe, les Turcs ont accepté de faire la paix avec Israël.

Israël est plus compromis dans le conflit qu'il ne l'admet. Les Russes ont publié leurs preuves sur le pétrole de Daech convoyé par des compagnies turques vers la Turquie. Cela a causé une indignation générale en Russie et ailleurs. Comment osent-ils acheter du pétrole volé ! Mais les Russes ont oublié de préciser que le pétrole siphonné échoue en Israël. C'est Israël, le plus gros acheteur du pétrole produit par les Kurdes et par Daech. Cela a été publié par le Financial Times et par Al Araby al Jadeed . Les médias russes ont évité le sujet, car Poutine tient à ses bonnes relations avec Netanyahu.

La semaine dernière, les Israéliens ont attaqué les banlieues de Damas et abattu quelques alliés russes, des combattants du Hezbollah. Encore une fois, les Russes l'ont pris avec flegme. Rien à voir avec l'indignation au sujet du bombardier abattu par les Turcs, dans les médias russes.

Israël soutient Al Nosra, classée parmi les organisations terroristes par l'Onu. Ce n'est pas un secret : le Daily Mail a publié ces jours-ci un reportage à la gloire des soldats israéliens qui sauvent des vies parmi les combattants islamistes. Des milliers de guérilleros blessés ont reçu une assistance médicale dans des hôpitaux israéliens et sont repartis ensuite au combat contre Bachar.

Israël maintient de bonnes relations fonctionnelles avec Daech aussi. On m'a certifié que les troupes de Daech ont pénétré dans le camp palestinien de Yarmouk en possession de longues listes d'activistes palestiniens. Ils ont été rassemblés, et exécutés en public. Les Palestiniens pensent que Daech a reçu les noms des services secrets israéliens, et qu'ils ont agi sur leur demande. D'ailleurs, Daech n'a jamais attaqué la moindre cible sioniste.

Ni Poutine ni les médias russes n'ont soufflé mot de cela. Peut-être que Poutine a raison, la Russie n'a pas besoin d'un ennemi aussi redoutable qu'Israël, tant que les dirigeants israéliens peuvent traiter l'oncle Sam comme un toutou, qui attend les ordres. Mais ils pourraient au moins modérer leur indignation contre le vol turc du pétrole, l'assistance turque aux insurgés et autres turpitudes turques.

Israël est objectivement un ennemi : ennemi des alliés de la Russie que sont le Hezbollah et l'Iran, qui veut le démembrement de la Syrie pour garder les hauteurs du Golan pour de bon, et qui préfère la somalisation de la Syrie plutôt qu'un voisin solide. Mais Netanyahu reste prudent avec ses atouts malgré son sentiment d'être invulnérable.

L'attaque contre les faubourgs de Damas a pris place malgré le système anti aérien C-400 russe opérant en Syrie. Les experts disent que le C-400 a été installé à Latakia et qu'il ne peut protéger effectivement les cieux au-dessus de la capitale syrienne, tandis que les missiles C-300 achetés par les Syriens et basés à Damas ont été atteints par les Israéliens. Pendant ce temps-là, les forces aériennes  israéliennes s'entraînent pour éviter et affronter un C-300 à Chypre, parce que Chypre a un C-300, récemment acheté aux Russes.

Poutine n'a rien à gagner à une confrontation avec Israël ; Israël préfère suivre sa route sans   avoir à affronter les Russes. Tôt ou tard, peut-être, les forces aériennes israéliennes et russes entreront en conflit, mais en attendant, des deux côtés on préfère retarder ce moment.

Poutine espère qu'Erdogan lâchera le morceau en Syrie. Ce n'est pas facile à obtenir, mais ce n'est pas impossible. Pour cela, Poutine doit travailler avec le président Obama, ou avec celui qui lui succèdera.

Poutine face aux dirigeants occidentaux

On dit souvent que le président Obama est un dirigeant faible, mais je ne le pense pas. C'est un joueur sophistiqué et madré. Il annule chaque accord conclu entre son pays et la Russie. Il y en a eu plusieurs, il y en a encore, depuis les accords de Minsk jusqu'aux résolutions du Conseil de Sécurité. Au premier abord, et même au deuxième, ces accords correspondent à la ligne russe, faute de quoi les Russes ne les signeraient pas. Mais après un certain délai, Obama en offre une interprétation qui diverge. Je n'aimerais pas avoir affaire à lui dans un tribunal, il est de mauvaise foi come tous les avocats.

A-t-il renoncé au mantra « Bachar doit partir » ? Ce n'est pas clair. Lui et son Secrétaire d'Etat John Kerry disent parfois qu'il doit rester en place, puis se contredisent aussitôt et insistent sur son départ indispensable. Ils avancent des idées neuves et singulières tous les jours. Par exemple : « les sunnites seuls doivent régler la crise syrienne ». Cette idée bizarre a inspiré les Saoudiens et ils ont même annoncé qu'ils avaient organisé une vaste coalition d'Etats sunnites pour s'attaquer à Daech. Inutile de préciser qu'en quelques jours ladite coalition s'est évaporée comme rosée au soleil.

Cependant, dans le fond, c'est un scénario de Guerre froide que joue Obama contre la Russie. Comme l'ivrogne qui accuse les autres de boire trop, il a accusé Mitt Romney de « penser en termes de guerre froide », alors qu'en tant que disciple de Zbigniew Brzezinski il n'arrive pas à envisager autre chose. Même les généraux du Pentagone se plaignent de cette Matrix dans son crâne, selon Seymour Hersch.

Pour Poutine, rien ne serait pire qu'une nouvelle manche de la Guerre froide. Ce n'est pas un nouveau dirigeant soviétique. Les gens qui rêvent d'un nouveau Staline se trompent d'idole. On peut le regretter, et bien des Russes le regrettent, mais Poutine n'a pas de grands projets de réorganisation de la société. Son ambition est plus modeste : il veut que la Russie soit indépendante, prospère, grande et égale parmi les autres grandes nations, comme au XIX° siècle.

La semaine dernière j'étais au Forum culturel de Saint Pétersbourg, une rencontre d'artistes, de conservateurs et de ministres de la culture de 40 pays, et il était clair que la Russie de Poutine est bien plus intéressée par son passé pré-révolutionnaire et le XIX° siècle en général, que par l'art du XX° ou du XXI° siècle. On y a joué une pièce perdue de Puccini, reconstruit les ballets Petipa, on a lu du Tolstoï. On restaure des palaces, de vieux théâtres délabrés, et même le cirque pré-révolutionnaire a retrouvé son ancienne gloire, y compris son nom oublié et sa piste royale. Et les restaurants rivalisent de noms qui rappellent à chacun l'époque des tsars.

Il y a un vent de nostalgie en Russie, pour la Russie de Tolstoï et de Tchaikovski. Poutine a donné l'ordre que les restes des généraux blancs, des philosophes et des artistes soient ramenés pour être enterrés en terre russe. Les souvenirs soviétiques et communistes sont abolis. Récemment, le premier ministre Medvedev a appelé à une nouvelle série de commémorations pour les victimes de Staline. Je ne suis pas sûr que ce soit une politique sage ; peut-être qu'il vaudrait mieux laisser le passé s'organiser de lui-même, mais le fait est là : Poutine et sa cour sont des libéraux à l'ancienne, et non des réformateurs sociaux. Ils ne veulent pas hisser l'étendard de la révolte. Ils veulent trouver leur place dans le monde tel qu'il est, mais en tant qu'égaux.

Le problème, c'est qu'il y a des gens obsédés par l'hégémonie et la domination intégrale, et ils ne vont pas permettre à la Russie de choisir sa voie propre. Ils veulent imposer leur férule, et installer dans la place des dirigeants dociles. Voilà pourquoi les très modestes intentions de Poutine rencontrent tellement de résistance à l'Otan et au Pentagone, à la Maison Blanche et à Westminster. Pire encore, ces gens-là sont ceux qui monopolisent la politique de bien des pays, des US au Japon, de la France à la Suède. Aucune importance, ceux qui gagnent les élections, le résultat est le même.

L'espoir de Poutine (et de la Russie) est dans les hommes politiques qui sont à l'extérieur du « mainstream » sous contrôle. Donald Trump en est un bon exemple. Poutine ne s'intéresse pas particulièrement à la politique intérieure américaine et aux propositions inhabituelles de Trump. C'est une affaire interne des US, et Poutine se tient à distance, comme il veut que les US arrêtent de se mêler des affaires internes russes. Pour lui, ce qui compte, c'est que l'Amérique de Trump n'essaiera pas de dominer le monde et d'imposer son programme. La question morale, si les idées de Trump envers les musulmans ou les latinos ont une base solide ou non, c'est aux Américains d'en décider. Poutine et bien d'autres dirigeants étrangers veulent juste une non ingérence US dans leurs affaires internes.

Le rustre Trump semble le candidat le moins tenté d'appuyer sur le bouton du suicide nucléaire pour l'humanité, nettement moins que cette chère Clinton qui serait capable de pulvériser la Russie parce que les Russes ne célèbrent pas de mariage gay. Souvenons-nous que son cher mari avait bombardé Belgrade parce que les vilains Serbes ne permettaient pas aux Croates de faire sécession (à moins qu'il s'agisse des Albanais ?)

Trump, ou tout homme politique fonçant honnêtement sans prendre ses ordres auprès des Maîtres du Discours, pourront se trouver dans le même camp que Poutine, selon les règles classiques de la diplomatie. Trump et Poutine pourraient ramener le concept de souveraineté à sa position privilégiée. Cela mettrait fin à bien des guerres. La guerre en Syrie a commencé lorsque Obama et Hollande se sont mis à crier « Assad doit partir ». Selon les lois internationales, aucun Etat ne peut interférer dans les affaires d'un autre Etat souverain. Du point de vue russe, la guerre en Syrie est avant tout une guerre pour la souveraineté et contre la vassalisation globale par l'empire.

Les Russes veulent illuminer leur sapin de Noël et se souhaiter un Joyeux Noël, et aller à leur église chrétienne sans se faire tirer les oreilles par les Obama et Clinton pour déficit de politiquement correct et autres Kwanzaa. Voilà pourquoi il est important pour nous tous de mettre notre espoir dans la paix, ce Noël ou le prochain.

Traduction : Maria Poumier.

Joindre l'auteur :  adam@israelshamir.net

Première publication : The Unz Review

 

   

  

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