Gaza en guerre
Par Israel
Shamir
C’est par une
soirée d’hiver venteuse, à Tel Aviv, qu’a commencé l’invasion par terre,
nouvelle étape dans l’escalade de ce qui peut se transformer en une nouvelle
grande guerre. Il y avait des centaines de manifestants, beaucoup de jeunes,
beaucoup de familles avec des enfants, toutes sortes d’Israéliens et de
Palestiniens, avec des drapeaux rouges, qui exigeaient la fin de l’attaque
contre Gaza. A Jérusalem, un brouillard épais recouvrait les murs de la vieille
ville.
Il est encore
trop tôt pour prédire la suite. Nous ne savons pas encore les objectifs
poursuivis par Israël avec cette invasion, et nous ne pouvons pas mesurer la
force de la résistance palestinienne. En ce moment ce sont les combattants, et
non pas les dirigeants, qui décident de l’avenir. La guerre peut déboucher sur
la confrontation avec l’Iran ; elle peut mettre un terme brutal au règne trop
long de Hosni Moubarak, elle peut déclencher une nouvelle Intifada, elle peut
redessiner le Moyen Orient.
La première
semaine de guerre n’a pas offert beaucoup de succès à Israël. L’attaque a
commencé comme un embrasement furibond, mais la seule « victoire » a été le
bombardement surprise d’une cérémonie de remise de diplômes à l’Ecole de police
de Gaza, qui a fait quelque trois cents victimes, surtout de jeunes diplômés. La
prochaine fois, ils pourraient bombarder les écoles le premier septembre, avec
des résultats encore « meilleurs ». Par ailleurs le
peuple-lumière-parmi-les-nations a bombardé l’université et quelques mosquées,
en finissant avec quelques bébés, hommage tardif au roi Hérode le jour des
Saints Innocents. Il s’agit sans aucun doute de crimes de guerre, et de meurtres
de masse, mais ce n’est pas encore l’holocauste qu’ils nous ont promis.
Le drag-queen
Ehud Barak, ministre de la défense, a amélioré son score; 53 % des juifs sont
satisfaits de sa performance (Ouah, il ne leur en faut pas tant que ça!)alors
qu’ils n’étaient que 34% il y a environ six mois. « Les sondages lui annoncent
maintenant cinq sièges de plus à la Knesset pour le Parti Travailliste, aux
élections générales de février prochain. Ce qui veut dire 40 cadavres
palestiniens pour chaque siège. Barak promet que ce n’est que le début :
effectivement, à ce rythme, il faudra deux mille corps de plus au parti
Travailliste pour ressusciter, pour atteindre la majorité absolue au parlement
comme au bon vieux temps, alors que c’est un parti politique à l’agonie », a
fait remarquer Ran ha-Cohen.
L’équipe de
campagne de Barak fait du battage en associant à sa bouille arrondie style
Pickwick [le personage de Dickens], au slogan « le Fuhrer (Ha-manhing)de son
peuple, celui qui « ne plaisante pas, c’est un chef ». Il « ne plaisante pas,
c’est un assassin », répondent les manifestants de Tel Aviv. Barak ne ressemble
guère à un fuhrer, avec son minois féminin, parfaitement symétrique de la gueule
hommasse de Tsipi Livni, qui se laisse vendre à son tour comme « un autre Fuhrer ».
Notre ami Gilad Atzmon, qui est par ailleurs cousin de Tsipi Livni, a fait
remarquer, sur ces bique-bouc qui gouvernent l’Etat juif : « Tant Livni que
Barak doivent faire une démonstration de carnage dévastateur, pour leur
électorat, indispensable pour que les Israéliens puissent croire à leurs
capacités de leaders. »
Pendant ce
temps-là, ils n’avancent guère. Malgré les bombardements journaliers, les
Gazaouis continuent à riposter, améliorant la précision de leurs tirs et la
qualité de leur armement, atteignant jusqu’à Beer Sheba. Et surtout, ils ne sont
pas en train de mendier le moindre cessez-le-feu inconditionnel, tandis que la
liste des conditions posées par Israël pour un cessez-le-feu se révèle aussi
irréaliste que celle qu’ils avaient adressée au Hezbollah il y a deux ans.
L’initiative est restée fermement entre les mains du Hamas, jusqu’à aujourd’hui.
La direction de
Gaza a pris un risque aussi audacieux que calculé en refusant de prolonger
l’accord de cessez-le-feu tant que les juifs ne lèveraient pas le siège de la
Bande de Gaza et tant qu’ils ne l’observeraient pas également en Cisjordanie.
Ces demandes ont rempli de fureur nos petits fuhrers domestiques, eux qui
étaient habitués à décider de la guerre et de la paix tout seuls, et ils se sont
précipités dans l’action.
Le gouvernement
israélien a mal calculé; leur action a été reçue avec hostilité dans le monde
entier. Quelques-uns de meilleurs articles contre l’agression israélienne sont
parus dans la presse officielle occidentale : ainsi l’article de Mark Steel et
d’autres journalistes de The Independent. A l’exception attendue de
l’administration Bush, l’Occident s’exprime et manifeste contre l’invasion.
Certes des graffiti sur le mur d’une synagogue rassemblent plus de manifestants
en Occident que le bombardement d’une mosquée et le massacre de tous les fidèles
en prière, mais il est encore possible que le joug judaïque sur l’opinion
publique occidentale se brise, à la suite de cette intervention. Ce qui est
inattendu, c’est le fait que les médias russes, habituellement fortement
pro-juifs, se récrient d’une seule voix contre l’agression israélienne.
C’est maintenant
le moment de manifester, d’appeler à l’ostracisme pour Israël, à la démission de
Moubarak, et il est temps d’apporter son soutien au gouvernement légitime de
Gaza. Restez à l’écoute. Notre service de commentaires sur l’actualité ne
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Note
de la traductrice:
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Traduction :
Maria Poumier
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