La Bataille du Discours, Avant-propos
par Israël Adam Shamir, p. 11-17, BookSurge 2008
http://www.amazon.fr/Bataille-discours-Israel-Adam-shamir/dp/1439211434
Traduction par Marcel Charbonnier
[Inscription sur le tank: “Today Baghdad, Tomorrow Paris”]
Sur
ce tank, photographié sur la terre irakienne, on peut lire le slogan :
« Aujourd’hui à Bagdad, demain à Paris ! ». Durant la guerre en Irak, aux jours
de l’opposition de Jacques Chirac à l’agression des Etats-Unis, cette animosité
était très répandue parmi les Yankees : en la France, ils voyaient leur pire
ennemi. Mais le pire qu’ils aient pu commettre, c’était de rebaptiser les
« French Fries » (les frites) en « Freedom Sticks » (bâtonnets de la Liberté),
ce qui a beaucoup fait s’esclaffer les gens intelligents. Toutefois, quelques
années plus tard, ce slogan est devenu la réalité : après la prise de Bagdad,
Paris aussi est tombé aux mains des forces américaines. Pour installer un
fantoche américain à Bagdad, les Américains avaient dû se battre durant
plusieurs semaines. Mais le fantoche américain du Palais de l’Elysée y a été
installé sans qu’on ait eu à tirer la moindre balle.
En dépit de son look de Panthère Rose, Sarkozy restera comme un
des personnages les plus sinistres de l’histoire de France. La France avait été
le seul pays, au monde, qui eût réussi à se débarrasser de l’occupation yankee ;
c’est désormais du passé. Le Président Sarkozy a décidé de détricoter le grand
œuvre de Charles de Gaulle, lequel avait réussi à chasser l’armée américaine
d’occupation et à placer l’armée française sous le contrôle de la nation.
Sarkozy a remis l’armée française sous la coupe de l’Otan. Il a envoyé des
soldats français en Afghanistan, versant leur sang sur l’autel de la soumission
à l’atlantisme. Dans un de ces discours pompeux dont il a le secret, il a juré
« de ne pas livrer l’Afghanistan » [aux Afghans, j’imagine…] « Une guerre est en
cours, dans ce pays – une guerre contre le terrorisme, contre le fanatisme, une
guerre que nous ne pouvons pas nous permettre de perdre, et que nous ne perdrons
pas ! » Il n’a fait que répéter les propos tenus par Jacques Doriot, lorsque
celui-ci décida d’envoyer des ‘volontaires’ français se battre aux côtés du
Troisième Reich, contre l’Union soviétique.
Alors : « Bienvenue en France occupée » ? Oh non : quelle
absurdité ! La vie n’est pas si horrible : les cafés sont ouverts, les théâtres
sont pleins, les Français sont libres de s’exprimer, allez-vous objecter. Mais,
sous l’occupation allemande, les cafés étaient tout aussi pleins, et les Halles
étaient tout aussi achalandées. Récemment, il y a eu une exposition de photos
prises par André Zucca, intitulée « Les Parisiens sous l’Occupation », et cette
expo nous a rappelé que le train-train quotidien se déroulait comme d’habitude,
même alors. Maimonide a écrit, très sagement, que la vie continuera comme
d’habitude, même une fois le Messie venu : le soleil se lèvera, puis il se
couchera, les filles tomberont amoureuses, et les gars se battront.
Sans même y prendre garde, la France –et avec elle l’Europe– est
passée de l’ère de la démocratie à la tyrannie du libéralisme totalitaire, fondé
sur trois pouvoirs a-démocratiques et non élus –celui des banques, celui des
médias et celui des juges– et soutenu par les armées et par les banques des USA.
Cette tyrannie sans nom n’a pas non plus de visage : nous n’élisons pas ceux qui
tiennent notre sort en leurs mains ; nous ne les connaissons même pas, ni ce
qu’ils veulent faire de nous, mais nous en ressentons le pouvoir écrasant.
Les essais ici réunis ont été écrits principalement en
Israël/Palestine, et ce lieu de leur écriture m’a rendu particulièrement
sensible à un trait étrange, et quelque peu inattendu, de la nouvelle tyrannie :
généralement dépourvue de tout sentiment humaniste, elle est extrêmement
partiale, dès lors qu’il s’agit des juifs (en leur faveur, bien entendu). Pour
un centième de ce que font les juifs, quotidiennement, les Palestiniens peuvent
être affamés jusqu’à ce que mort s’ensuive, les Libanais bombardés, les Iraniens
vitrifiés et les Russes ostracisés. Ce sont les hauts postes tenus par des
juifs, dans les trois branches non-élues du pouvoir, qui fournissent une
explication d’une telle partialité.
Les hommes politiques français le sentent bien: à chaque fois
qu’un juif est blessé, tous les dirigeants politiques français se précipitent à
son chevet, et des milliers d’hommes et de femmes bien intentionnés défilent, en
solidarité. Si le mur d’une synagogue est sali de graffitis, le président de la
République accourt, afin de faire part de sa colère et de sa tristesse. Mieux
vaut nier la Création du monde et la Crucifixion du Christ que douter de la
suprême importance de l’Holocauste, cette nouvelle religion élitiste et
antidémocratique, fondement de l’interventionnisme et de la supériorité des
riches-et-puissants. Bien que ce culte démente la soi-disant séparation de
l’Eglise et de l’Etat, nul émule de Voltaire n’écrase l’infâme et, quand bien
même y en aurait-il un qui le veuille, la République a de nouvelles prisons, qui
valent bien celle de la Bastille.
Essayez seulement, pour voir, de formuler la moindre critique au
sujet de l’apartheid à direction juive en Palestine, de ses racines historiques
et idéologiques. On ne vous expédiera pas dans un camp, c’est vrai, mais on vous
submergera sous les pénalités jusqu’à vous faire disparaître. Mon ouvrage
consacré à cette question, The Galilee Flowers, a été publié en plusieurs
langues et dans beaucoup de pays, tant en Europe qu’ailleurs. Il a été publié,
également, en France, sous le titre L’Autre Visage d’Israël. Mais il n’y
a qu’en France que la première édition de ce livre a été brûlée, sur les
injonctions du CRIF, et que l’éditeur de la deuxième édition a été condamné à
une amende d’un montant de quinze mille euros.
Ainsi, moi, qui suis Israélien, j’ai été poursuivi par le CRIF
pour manque de respect envers les juifs, et un tribunal français a reçu la
plainte transmise par la LICRA. Y a-t-il une autre communauté, existe-t-il une
autre religion ou un autre groupe de personnes qui jouissent d’une telle
protection ? Ne vous y trompez pas : ces jugements ne sont nullement fondés sur
le droit, mais uniquement sur son interprétation biaisée. Quand un raciste
antimusulman est poursuivi pour offense à l’Islam, les tribunaux rejettent,
indignés, de telles plaintes, au nom de la liberté d’expression. En fait, les
tribunaux ne jouissent jamais d’une totale liberté de décision : ils sont
susceptibles d’accepter une plainte afin de protéger la dignité de quelqu’un, ou
bien ils peuvent la rejeter, afin de protéger les libertés. Les juges sont des
êtres humains : ils savent surtout ce qui est bon pour eux-mêmes. S’ils
interdisaient les attaques contre l’Islam, tout en autorisant la critique de la
judéité, ils pourraient probablement dire adieu à leur promotion, pour
commencer… Aujourd’hui, les juifs sont dans la position de l’aristocratie sous
l’ancien régime : ils sont au-dessus de toute critique et il est tout simplement
inenvisageable de les mettre en cause.
Nombreux sont ceux qui ont remarqué les origines juives de
Sarkozy. Mais cela ne veut pas dire grand-chose. Si vous voulez observer ce que
sont le véritable sycophantisme et l’authentique soumission aux juifs, alors
écoutez plutôt Fadela Amara, la secrétaire d’Etat française (d’origine
algérienne) chargée de la Politique de la Ville*. Pour elle, seuls importent la
souffrance juive, les droits juifs, la mémoire juive. Et rien d’autre ; ni les
peines des Français, ni celles de son propre peuple. Elle donne de la voix pour
défendre le sang de responsables juifs potentiellement déloyaux. Elle
« regrette » le malheur des Algériens ou des Africains colonisés, mais « cela ne
saurait être comparé » au sort des juifs. Elle hait le Hamas, le gouvernement
palestinien démocratiquement élu, elle abhorre le président de l’Iran ; elle
soutient les caricatures et les films antimusulmans, et se elle sent comme chez
elle en Israël.
Elle vous gouverne, dans l’ombre courte Sarkozy. Un autre
ministre, celui des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, fut le gauleiter
de l’Otan au Kosovo occupé ; sous son administration bienveillante, des milliers
de Kosovars de la « mauvaise » ethnie ou de la « mauvaise » croyance religieuse
ont été chassés de chez eux, ou tués. Aujourd’hui, il vous gouverne. Sioniste et
activiste droit-de-l’hommiste, il a soutenu toutes les interventions militaires
fondées sur les « droits de l’homme » : bombardements de la Serbie, invasion de
la Somalie, invasion de l’Irak… (Remplissez les pointillés…) Il a gouverné le
Kosovo conquis par l’Otan, et il a autorisé ses chouchous, les gangs albanais, à
brûler des églises et à expulser les Serbes. Aujourd’hui – normal – il soutient
les plans d’attaque de l’Iran fomentés par Bush, et les projets israéliens
d’étranglement de Gaza.
Ni Sarkozy, ni Kouchner ne seraient parvenus au pouvoir, si ces
puissances non-élues que sont les médias, les banques et la justice, n’avaient
pas comploté contre votre liberté, placé BHL et Finklelkraut à l’intérieur de
chaque téléviseur et de chaque poste de radio, arrêté et jeté en prison des gens
pensant différemment, et financé exclusivement certains projets bien
particuliers, à l’exclusion de tous les autres. Il faut réinstaurer la
démocratie ; les pouvoirs non-élus doivent être placés sous le contrôle des
électeurs.
Ce qui se passe en France préoccupe énormément le monde entier.
La France était un phare de civilisation, un bastion de culture et le pays par
excellence où il faisait bon vivre. Nous, les milliards d’étrangers, nous
aimerions que vous restiez à la hauteur de vos glorieuses traditions françaises.
Nous en vous conjurons : ne devenez pas, à votre tour, des clones produits en
masse !
Israel Adam Shamir
Jaffa
*La gauchiste (de service) de Sarkozy (extraits)
par Adara Primor, le 26 août 2008, in Haaretz (Israël)
https://www.haaretz.co.il/hasen/pages/ShArtStEngPE.jhtml?itemNo=971505
Fadela Amara (43 ans), secrétaire d’Etat à la Politique de la
Ville, est féministe et célibataire, militante dans l’âme et elle a
l’anti-islamisme dans le sang. Bien que liée à la gauche idéologique, elle est
ministre dans un gouvernement de droite…
Comme chez elle, en Israël
Amara dit qu’en Israël, elle s’est sentie, de fait, comme chez
elle.
L’Holocauste : incomparable
L’Algérie : « Il est exact que mon père, né sous le
colonialisme, était privé de ses droits. Il n’avait pas pu aller à l’école, et
je ne peux que regretter ces « intervalles malheureux » qui parsèment l’histoire
de la France. Mais il n’y a rien de commun, en cela, avec la Solution finale. Le
terrible Holocauste fut l’acte le plus barbare auquel le monde ait eu jamais à
faire face. Cela n’est comparable à absolument rien d’autre. Même pas au
génocide, au Rwanda. »
Mais, au Rwanda, il s’agissait d’un génocide organisé,
cependant ?
« Certes, mais il n’avait pas été planifié, ni mis à exécution,
de la même manière, mécaniste et perverse. A mon avis, le piège auquel certains
intellectuels tentent de recourir en mettant tout sur le même plan, au nom d’une
sorte de compétition entre les différentes mémoires, représente le summum de
l’antisémitisme. C’est là un acte d’antisémitisme de luxe… L’antisémitisme est
en train de revenir, sous une nouvelle formule, dans les banlieues, où les
Islamistes ont pourri le cerveau de nos gamins. Si nous avions rempli nos rôle
comme il aurait fallu, et si nous avions radicalement réduit
l’antisémitisme en France, y compris dans l’administration, nous
n’assisterions pas, aujourd’hui, dans les banlieues, à sa forme islamiste, ni à
son discours, qui a des tonalités fascistes. Tout cela, c’est le résultat de
notre lâcheté, et aussi du fait que nous n’avons pas voulu l’admettre, que nous
voulions ne pas savoir.
Soutenez-vous la proposition controversée du Président
Sarkozy, d’assigner à chaque élève des écoles élémentaires la tâche de se
souvenir d’un enfant juif particulier ayant péri dans l’Holocauste ?
« Oui. Je suis si terriblement angoissée à l’idée que cela
puisse se produire à nouveau, que je ferais n’importe quoi à ce sujet. L’idée de
l’adoption de la mémoire d’un enfant disparu dans l’Holocauste – peut-être pas
par un élève en particulier, mais par une classe entière – est une idée qui est,
à la fois, bonne, efficace et nécessaire. En particulier, aujourd’hui.
« Les gens évoquent un si grand nombre de mémoires –
colonisation, esclavage, etc… Mais c’est sur l’Holocauste qu’il faut mettre
l’accent, parce que nous n’en avons pas suffisamment internalisé la mémoire.
« Etant quelqu’un qui respecte la démocratie, et opposée aux
forces islamistes, j’ai été très très triste, quand le Hamas a remporté les
élections...
« Quoi qu’il en soit, on ne peut permettre à quiconque de
remettre en cause le droit à l’existence d’Israël, comme le fait ce psychopathe
de président iranien !...
Ce « président psychopathe », comme vous dites, vous
effraie-t-il ?
« Quiconque affirme ne pas avoir peur de quelqu’un comme lui est
aussi fou que lui ! »
Quelle est votre position en ce qui concerne la publication
de la caricature du Prophète Mahomet ?
« En tant que partisane fanatique de la liberté d’expression, je
la défends. Je comprends que d’aucuns puissent avoir été offensés par cette
publication, mais je ne comprends toujours pas pourquoi elle a pu provoquer un
tel tollé ? »
Et vous soutenez aussi la distribution du film produit par le
Hollandais d’extrême-droite Geert Wilders, qui affirme que le Coran est
d’essence fasciste, et qui le compare au Mein Kampf d’Adolf Hitler ?
« Oui ! », répond Amara avec ferveur. « Je suis contre la
comparaison établie avec Mein Kampf, mais j’exige qu’on me permette de
combattre pour que les gens puissent s’exprimer conformément à leurs idées et à
leurs croyances. »
Même s’ils ont l’intention de provoquer ?
« Oui. S’il existe des gens qui pensent que l’Islam est une
religion de terroristes, je dois être en mesure de les entendre dire cela, et de
leur répliquer sur ce point : c’est l’essence même de la démocratie ».
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