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Assange pourchassé

par ISRAEL SHAMIR

Julian Assange pourchassé
Les étonnantes aventures de Capitaine Neo négocient un virage prononcé vers pire…

par Israel Shamir et Paul Bennett
19 septembre 2010

L’intrigue s’épaissit, tandis que notre héros favoris de la Matrix, notre « Capitaine Neo » bien à nous Julian Assange est une nouvelle fois confronté au danger. Lorsque nous avons pris congé, il y a peu, du légendaire fondateur de WikiLeaks (voir http://counterpunch.org/shamir08272010.html), celui-ci poussait un soupir de soulagement après avoir anéanti des accusations oiseuses de double viol. Les plaintes ont été abandonnées et notre héros était à nouveau libre de parcourir le vaste monde. Mais l’argument des opérettes est toujours on ne peut plus répétitif ; l’histoire a promptement été recyclée et notre brave capitaine se retrouve sous la menace de se voir castré sur le Stora Torget de Stockholm, ou quoi que puisse être d’autre la pire punition pour avoir outragé des vierges sacrées nordiques sur une terre jadis gouvernée par les Vikings.

Autrement dit, de grotesques accusations de viol ont une nouvelle fois été brandies contre l’Ennemi Public Numéro Un du Pentagone. Julian Assange est accusé, désormais 1) de ne pas avoir appelé au téléphone une donzelle au lendemain d’une nuit partagée en son agréable compagnie, 2) d’avoir exigé d’elle qu’elle paie sa place dans le bus, 3) de ne pas mettre de capote et 4) d’avoir connu deux amourettes sans lendemain en une seule semaine. Ces quatre accusations mineures, dignes du faux procès de Leopold Bloom dans le chapitre Nightown de son roman Ulysses, ont été malaxées et fermentées jusqu’à ce qu’elles puissent produire un cas de viol à demi-cuit ! Chapeau bas, l’Iran : la Suède remporte le pompon ! Alors que l’Iran est notoirement connu pour ses sentences conservatrices impitoyables contre les adultères, la Suède nous montre ce à quoi ressemble la face libérale de la même médaille lorsqu’elle invente des condamnations juridiques pour « avoir omis de téléphoner » et « avoir été négligent en matière d’utilisation de préservatifs lors d’actes d’affection consentis ». Pire : les Suédois font à dessein une confusion entre le sexe entre adultes consentants et le viol, et cela à des fins exclusivement politiques. Ce faisant, la Suède banalise le viol, ce crime violent hélas bien trop réel.

Derrière leur boulot de flics pour la galerie, les Suédois ont une raison concrète pour ainsi sévir. Le fondateur de WikiLeaks, poursuivi par des forces maléfiques dans le monde entier, avait recherché un repos momentané derrière la réputation de la Suède en tant que pays bastion de la liberté d’expression. Mais juste au moment où Julian recherchait la protection de la loi suédoise sur les media, la CIA menaçait de mettre un terme à son partage de renseignement avec les services secrets suédois, le SEPO. Cela a totalement déstabilisé le gouvernement de droite actuel, qui s’évertue à enterrer le legs de neutralité pointilleuse du (regretté) Premier ministre (mort assassiné) Olof Palme. Le soupçon que la farce du viol soit une campagne orchestrée est sans doute confirmé par les faits suivants : 1) la Suède a envoyé des troupes en Afghanistan, 2) le WikiLeaks d’Assange a publié le Journal de la Guerre en Afghanistan, qui a révélé cette campagne militaire néocoloniale cruelle et absurde. De plus, la publication attendue de nouvelles informations secrètes par WikiLeaks a bien pu influer sur les élections générales (suédoises) du 19 septembre. Cela explique peut-être le raid inopiné effectué par la police (suédoise) contre un serveur de WikiLeaks (voir http://news.cnet.com/8301-31001_3-20015878-261.html).


Un site ouèbe de l’American Tea Party [http://rightwingnews.com/2010/07/the-cia-should-kill-julian-assange/] a suggéré l’idée qu’«un agent de la CIA mette une balle de flingot dans le crâne d’Assange la prochaine fois qu’il apparaîtra en public, en avertissement ». Soyez rassurés : la CIA est plus intelligente que le Tea Party. S’il est une chose qu’au moins ils aient retenue, c’est la leçon que leur a donnée Che Guevara. De nos jours, ils préfèrent ruiner la réputation d’un rebelle plutôt que de gaspiller une de leurs balles. Ils vont bien se garder de faire d’Aussange un martyr, ils se contentent de se servir de ses alliés païens pour le réduire à l’état d’un bouffon. Ils lui jettent l’opprobre. C’est bien plus radical et définitif que le coup de grâce d’un sniper. L’histoire abonde en témoignages de leur efficacité croissance dans l’utilisation de cette tactique. Dans les années ’70, ils n’avaient pas dépassé le stade d’affirmer que Philip Agee était un coureur de jupons et un poivrot. Aujourd’hui, ils ne reculent pas devant des accusations de pédophilie, par exemple pour humilier Scott Ritter, qui avait flanché et n’était pas allé jusqu’au bout, avec George Bush, dans son bobard au sujet des « armes de destruction massive » irakiennes. Comme vous pouvez vous y attendre, la campagne à base de viol contre Assange risque de n’être que le premier tir d’une volée de calomnies. Ils vont peut-être décider d’affirmer qu’Assange est également pédophile.
Cette menace non formulée suffit à faire se mettre à l’abri certains supporters indécis de WikiLeaks : http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5hw8tO6zK5sQ4tShRWA1TdquuNmLA

Le coup de grâce peut toujours venir, plus tard, une fois que la victime a été effectivement isolée par la campagne de boue. Les Evangiles nous enseignent que pratiquement personne n’a suivi Jésus jusqu’au Golgotha, bien qu’une semaine auparavant le peuple de Jérusalem L’eût accueilli de ses hosannas. Un anti-Evangile juif (le traité talmudique Toledot Yeshu, ndt) [http://en.wikipedia.org/wiki/Toledot_Yeshu] nous explique que ce retournement avait été dû au fait qu’Il avait été vilipendé par Judas, ce qui est une lecture étonnamment moderne pour un traité remontant au Haut Moyen Age…

Pour de la boue qui colle vraiment, demandez-la à un ex-apôtre…

En effet, l’accusation d’un Caïphe n’impressionne personne. Si vous voulez dézinguer des gens de gauche, faites appel à des gens de gauche. Par exemple, les trotskistes étaient des instruments empressés et très efficaces contre les communistes. Les pseudo-antisionistes sont utilisés, de nos jours, pour vous ficeler un mouvement pro-palestinien comme un saucisson et le rendre impuissant.

Qui sont donc les Judas de cette campagne contre l’ami Julian ?

- un groupe anonyme prétendant être « des gens connaissant WikiLeaks de l’intérieur » [http://www.foxnews.com/scitech/2010/09/08/wikileaks-julian-assange-fights/] ont mis en ligne un nouveau site, plein de « révélations » sur Assange, hier et aujourd’hui, prétendant qu’il vit de dons, dans le luxe, en Afrique du Sud, alors qu’il apparaît quasi quotidiennement dans les medias et les rapports de police en Suède ;

- une autre ex-apôtre est la femme politique islandaise Birgitta Jonsdottir, que l’on présente erronément comme une « porte-parole de WikiLeaks ». Elle a demandé à Assange de « renoncer » et de laisser WikiLeaks devenir ce qu’il voudra, comme si WikiLeaks pouvait d’une quelconque manière être séparé d’Assange… ;

- l’organisation pseudo-progressiste Reporters Sans Frontières [http://radsoft.net/news/20100817,00.shtml] a attaqué Assange au motif qu’il aurait mis en danger la vie d’agents secrets américains innocents en Afghanistan. En dépit de sa terminologie « de gauche », RSF est une organisation privée recevant des fonds du gouvernement américain avec la mission de déstabiliser Cuba. Cette organisation a des liens puissants avec le milieu des émigrés de Cuba à Miami ;

- Anna Ardin (la plaignante officielle) set souvent présentée par les media comme « de gauche », mais tout indique qu’elle est liée à la CIA. Elle a des liens avec les groupes anticastristes et anticommunistes financés par les Etats-Unis. Elle a d’ailleurs publié ses diatribes contre Castro[voir http://www.miscelaneasdecuba.net/web/article.asp?artID=1314 et http://www.miscelaneasdecuba.net/web/article.asp?artID=1315] dans la revue en suédois Revista de Asignaturas Cubanas éditée par Misceláneas de Cuba. Depuis Oslo, le professeur Michael Seltzer fait observer que ce périodique est l’organe de campagne d’une association suédoise anticastriste fortement dotée. Il relève également que cette association est liée à Union Liberal Cubana [http://www.cubaliberal.org/aboutus.htmq], dont le président est Carlos Alberto Montaner, dont les liens avec la CIA ont été révélés à ce lien :
http://machetera.wordpress.com/2009/11/17/oh-what-a-not-so-tangled-web-we-weave/

Notez qu’Ardin a été chassée de Cuba en raison d’activités subversives.
A Cuba, elle était en relation avec une association féministe anticastriste, Las Damas de blanco [http://www.damasdeblanco.com/] (Les Femmes en blanc). Cette association perçoit des fonds américains. Le terroriste anticommuniste avéré Luis Posada Carriles est un ami et un soutien de cette association.
http://machetera.wordpress.com/2010/03/26/luis-posada-carriles-and-ladies-in-white-go-out-on-a-limb-in-miami/

Wikipedia cite Hebe de Bonafini, présidente de l’association argentine des Mères de la Place de Mai (Madres de Plaza de Mayo), disant : « Ces soi-disant « femmes en blanc » [cubaines] prennent fait et cause pour le terrorisme des Etats-Unis ».

Toutefois, nous n’adhérons pas à la théorie de la balle unique. La vie est plus compliquée que cela. En plus de son engagement anti-Castro et philo-CIA, Anna Ardin s’adonne, semble-t-il, à son sport favori, l’insulte anti-mâles. Ainsi, un forum suédois rapporte qu’elle est experte ès-harcèlement sexuel et dans la « technique masculine d’élimination des profs femmes ». Ainsi, une fois, tandis qu’elle donnait un cours, un étudiant lisait ses notes au lieu de la contempler.

Anna Ardin l’a donc dénoncé pour harcèlement sexuel, au motif que cet étudiant aurait eu recours à la « technique mâle de suppression du prof femme », cette fois-ci en heurtant sa sensibilité.

De manière consciente ou inconsciente, Anna Ardin, cette féministe haïssant les hommes, est l’alliée parfaite du Pentagone chasseur d’homme, tellement parfaite qu’une centaine d’écrivains féministes ne lui sauraient lui arriver à la cheville. Elles ont en partage leur haine des mâles Barbudos de Castro, avec leur barbe, leurs cigares et leurs sulfateuses. Elles haïssent tout autant les combattants tout aussi virils du Hezbollah. Elles détestent les femmes féminines ; elles exigent que les femmes du monde entier administrent aux hommes le traitement qui leur fut réservé à Abu Ghraïb. Le Nouvel Ordre Mondial qu’elles entendent imposer est un monde sans hommes virils et sans femmes féminines.

Il semble qu’Ardin soit accoquinée avec un groupe social-démocrate « chrétien ». C’est probablement là le détail le plus insolent de son activisme. Pour un véritable chrétien (ou juif, ou musulman), l’utilisation d’un préservatif signifie l’empêchement d’une nouvelle vie – une forme d’assassinat, pourtant une des principales accusations d’Ardin contre Assange, c’est le fait que son préservatif n’était pas bien en place. Pour des féministes de son acabit, un homme n’est pas autre chose qu’un « sex-toy », pour elle, le sexe n’a aucun lien, quel qu’il soit, avec la procréation, quand à une union sacrée, n’en parlons même pas.

Le christianisme comporte un commentaire puissant et ésotérique de l’union fructueuse et sacrée entre l’homme et la femme. Toutefois, en Suède, les "gender" activistes obsédées par le genre grammatical, sur lequel elles bâtissent une ontologie biscornue] suédoises comme Ardin ont fini par détruire cette signification. L’Eglise suédoise a encore de rares et précieux prêtres hommes : ce qui fut jadis la lutte pour l’égalité des femmes a fini par le fait que les hommes ont été effectivement écartés du sacerdoce. De nos jours, rares sont les couples homme-femme suédois à se marier à l’église ou à se marier tout court ; la plupart des couples gays suédois, en revanche, sont fiers de devenir « mari et femme » à l’église. C’est une excellente nouvelle pour les Suédois fortunés : les églises, désertées, vendent leurs biens (dont jouissaient jadis les paroissiens), qui tombent dans l’escarcelle des nouveaux riches générés par la dernière vague de privatisations : autant pour la social-démocratie suédoise !

La deuxième accusatrice (d’Assange), Sofia Wilen, vingt-six ans, est l’amie de la première citée, Anna. On la voit sur une video de Youtube [http://www.youtube.com/watch?v=qWh1Mk2_GVg#t=03m42s] tournée lors d’une conférence de presse d’Assange (on y voit d’ailleurs les deux nénettes ensemble). Ceux qui ont assisté à cette conférence de presse ont été stupéfaits par son comportement d’adolescente groupie. Bien que les rock stars soient habituées à voir des filles prêtes à se damner pour coucher avec eux, il est moins courant de voir ce type de comportement sur le terrain impitoyable du journalisme politique. Sofia s’est démenée pour avoir Assange dans son lit, selon ses propres confessions ; elle fut aussi la première à aller au commissariat pour déposer une plainte. Elle est peu connue et ses motivations sont vagues. Pourquoi une jeune femme (qui partage sa vie avec l’artiste américain Seth Benson) recherche-t-elle une aventure politique tellement sordide ?

Le brillant écrivain israélien Gilad Atzmon décrit, dans son roman impayable My One and Only Love, la manière dont les services secrets utilisent de jeunes femmes à la manière de pièges à mouches. Est-ce le cas, dans l’affaire qui nous occupe ? Ce n’est peut-être rien d’autre qu’un banal cas de chasse au trésor. Les nouvelles législations, en Suède comme dans l’ensemble de l’Europe, ont rendu les hommes extrêmement vulnérables à ces chantages visant à leur extorquer du fric. Une jeune femme suédoise de vingt-six ans (dont le nom n’a pas été divulgué) a ainsi réussi à gagner de cette manière plus d’un million de dollars au cours d’une quinzaine de jours de vacances en Grèce, a rapporté le quotidien britannique Daily Telegraph. [http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/europe/greece/7933190/Britons-trapped-in-false-rape-sting-by-blonde-Swede-on-Greek-island.html].

Elle a porté plainte pour viol. Quatre hommes ont été arrêtés, leurs noms ont été rendus publics, et ils ont perdu leur emploi. Elle est rentrée chez elle millionnaire, sa sacro-sainte identité ayant été préservée.

Son succès invite à l’imiter : d’après un rapport de l’Union européenne [http://www.thelocal.se/19102/], la Suède connaît vingt fois plus de plaintes pour viol que n’en ont occasionné les Italiens au sang chaud. La plupart de ces plaintes sont déboutées illico, et c’est tant mieux.

Le viol est un crime horrible, dont la qualification ne devrait pas être ainsi étirée abusivement jusqu’à englober des méfaits mineurs et des failles morales (comme le fait d’avoir omis un appel téléphonique encourageant le lendemain). De manière parlante, l’avocat de la plaignante s’étant vu demander pour quelle raison les deux jeunes femmes n’étaient pas certaines d’avoir été violées ou non, celui-ci a répondu : « Mais, elles ne sont pas juristes ! » Le viol (comme le meurtre) est un crime que l’on comprend sans l’aide des juristes. Le viol est un crime capital : si les accusations de viol sont avérées fallacieuses, alors, assurément, les plaignantes devraient être accusées de diffamation criminelle.

Quant à Julian Assange, nous avons besoin de lui. Nous avons besoin de notre capitaine Neo, qu’il soit chaste ou chaud-lapin, nous avons besoin de lui pour qu’il nous débusque les agissements subreptices de nos gouvernements cachés derrière la Matrix. Dans notre propre intérêt, nous devons faire ce que nous pouvons afin de le protéger à la fois contre les féministes castratrices et contre les menées des services secrets.
 

 

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